Parents Solo : "J'en vois de plus en plus dans les associations comme les Restos du Coeur ou la Banque alimentaire", s'alarme une maman

Le week-end dernier, des dizaines de parents se sont rassemblés à la 5ème journée départementale des parents solos. Rencontre avec Sylvie, maman d'un garçon de 13 ans.

11 octobre 2023 à 16h21 par Alexis Vellayoudom

Parent Solo illustration_161122_ashishk75
Image d'illustration
Crédit : ashishk75

Ce week-end, Chemillé-en-Anjou accueillait la 5ème journée départementale des Parents solo. L'occasion pour eux d'échanger sur leurs histoires personnelles, de partager des idées et de sortir de l'isolement. En amont, nous avons rencontré Sylvie, 44 ans. Cette aide-soignante en milieu hospitalier élève seule son garçon de 13 ans. Rencontre.

 

Sylvie, vous vous définissez comment ? 

 

"Je me considère comme une maman solo à 95 %. Mon enfant part très peu chez son papa, seulement deux jours par mois et espacé. Il ne part pas pendant les vacances scolaires".

 

Vous avez fait la démarche de rencontrer le député Philippe Bolo. Selon vous, il y a des choses qui doivent changer dans la loi pour les parents solo.

 

"Oui par exemple sur la pension alimentaire. Nous ce qu'on perçoit, on doit le déclarer dans notre revenu sur notre feuille d'impôt et on est imposé dessus. Et nos conjoints quand ils la versent, eux ça leur fait une déduction donc j'aimerais que ce point change. Après, au niveau des frais de garde, je sais qu'il y eu des gestes, mais il faudrait un peu plus. Les mamans qui ont un métier avec des horaires atypiques comme moi, on doit faire appel à des modes de garde sur de longues amplitudes horaires. Ca a un coût et il nous reste beaucoup de notre poche. Et on n'a qu'une rentrée d'argent pour faire vivre le foyer".

 

Pour revenir sur la pension alimentaire, parfois, elle n'est pas complète ?

 

"Oui, ça m'est arrivé. Je suis en train de faire des démarches pour avoir le complément de ma pension parce que je suis en dessous des 180 €. Et au niveau de la CAF, c'est géré à Nantes et pas sur Angers. Pour ces dossiers, il devrait y avoir des professionnels sur Angers".

 

L'autre sujet qui vous interpelle, c'est l'immobilier et l'accès à la propriété pour les parents solo. Pourquoi ?

 

"Très peu de parents solo peuvent accéder à une propriété. Pourquoi pas faire des prêts à taux 0 % pour qu'on puisse avoir la même chance que les autres".

 

Aujourd'hui, il y a l'inflation, ça a été un des éléments qui vous a fait réagir. Ca se passe comment pour un parent solo ?

 

"Comme chez tout le monde, tout a augmenté, le budget course, l'essence. C'est difficile pour nous. Je vois de plus en plus de parents solo dans les associations comme les Restos du Coeur, la Banque alimentaire. Les députés et ministres devraient faire bouger les choses".

 

En ce moment, il y a pas de place pour les mauvaises surprises, la voiture en panne, la machine à laver ?

 

"En fait, on aime bien quand il y a pas d'imprévu dans le budget. Je peux faire face à un petit, mais il faut pas un trop gros imprévu parce que sinon, ça fait toujours ça en moins pour le budget d'une sortie ou l'achat de vêtements. Je ne fais plus les mêmes choses. Le poste du logement, l'électricité, l'essence prennent beaucoup de place. On passe parfois par le biais de l'orthodontie, les mutuelles ne remboursent pas tout et il reste une bonne partie à notre charge. C'est aussi le cas pour les lunettes. Moi, aujourd'hui, je vous raconte mon histoire, mais je pense aussi à ceux qui ont moins ou qui ont des soucis de santé".

 

On parle de l'aspect financier, mais être parent solo, c'est aussi une charge mentale importante ?

 

"C'est vrai que quand votre enfant rentre de chez l'autre parent, il peut être triste. Il faut un temps d'adaptation. Là, je vis l'adolescence, pour mon garçon, c'est un grand chamboulement donc j'ai besoin de lui réexpliquer la situation parce que c'est vrai que c'est un moment où il faut mettre les choses à plat, rassurer. Nous, les parents, il faut toujours être frais et dispo parce que moi, je travaille à plein temps et il y a des moments où j'ai peut-être moins de patience alors qu'il faut rester calme et serein".

 

Le regard des autres est aussi pesant ? 

 

"Quand je me suis séparé, c'est mon point de vue, je trouve que ma place dans la société a changé. Je n'étais plus perçu de la même façon comme si j'étais devenue un poids, une proie. Ca, je l'ai ressenti alors qu'on a envie de rester dans le milieu actif. On m'a parfois conseillé de changer de travail pour être plus proche de mon fils, mais quand on est une femme et peu diplômée, c'est beaucoup plus difficile". 

 

C'est difficile de penser à l'avenir aussi ? 

 

"Je ne suis pas totalement sereine par exemple par rapport à mon fils. Les jeunes bougent beaucoup pour leurs études donc ce qui implique les frais de leur scolarité et l'hébergement. Pour trouver une location, il faut des parents garants, ce qui n'est pas souvent simple".

 

Il y a besoin de beaucoup plus d'accompagnements ? 

 

"Oui, parce qu'on peut changer nos astuces, comment est-ce qu'on s'organise. Plus il y aura de points, plus on se sent écouté. Il y a des professionnels qui peuvent reprendre des parties de nos vies qui ne sont pas forcément faciles à passer donc elles peuvent apporter des conseils. On peut se sentir moins seul. Il faut éviter l'isolement donc il faut pas hésiter et que ces lieux se créent de plus en plus".

Et si vous êtes dans cette situation et que vous avez besoin d'aide, il existe à ce jour dans le Maine-et-Loire, 10 groupes de parents solo, accompagnés par des centres sociaux.