Maine et Loire

Politique. Présidentielle anticipée : "C'est le moment d'avoir des vrais débats de fond", justifie François Gernigon, député angevin du parti Horizons

Après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, quelques heures après avoir présenté son gouvernement, les propositions fusent pour sortir de l'impasse politique. Hier, Edouard Philippe (Horizons) a proposé une élection présidentielle anticipée. Solution que soutient François Gernigon, député de la 1ère circonscription du Maine-et-Loire.

Publié : 8 octobre 2025 à 12h04 - Modifié : 8 octobre 2025 à 15h04 Alexis Vellayoudom

François Gernigon bureau permanence Angers_04 09 23_CJ
François Gernigon (Horizons - 1e circonscription) à sa permanence parlementaire d'Angers.
Crédit : CJ

Comment débloquer la situation politique en France ? À peine, 24h après l'annonce de son gouvernement, le désormais ex-Premier ministre Sébastien Lecornu a déposé sa démission. Depuis, il est chargé de négocier avec les différentes formations politiques pour sortir de l'impasse. C'est l'objet de la réunion de ce mercredi matin à Matignon avec les Socialistes. Mais depuis le lundi 6 octobre, les propositions afflux, dissolution, cohabitation pour les Républicains ou destitution du président de la République pour l'extrême gauche. Hier, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, chef de file du parti Horizons, a lui demandé à Emmanuel Macron d'organiser une élection présidentielle anticipée, programmée après le vote du budget. Une solution que soutient naturellement François Gernigon, le député de la 1er circonscription du Maine-et-Loire. Entretien. 

 

François Gernigon, on assiste à une séquence politique particulière avec la démission d'un Premier ministre quelques heures après avoir nommé un gouvernement. Ce mardi matin, votre chef de file du parti Horizons Édouard Philippe demande au président de la République des élections présidentielles anticipées. Pourquoi cette position ?

 

"Je trouve son intervention et son idée très intéressante. La dissolution de l'Assemblée nationale n'est pas la solution, les députés ne sont pas les fusibles que l'on fait sauter pour préserver le président de la République. Emmanuel Macron qui est le garant du fonctionnement des institutions, c'est une lourde responsabilité d'être chef de l'État, et donc je trouve que ce serait intéressant qu'il propose des élections anticipées, mais programmées. C'est-à-dire ne pas faire les choses dans l'urgence, de façon à ce qu'il puisse y avoir un vrai débat d'idées, de façon à ce que les Français disposent de temps, de façon à pouvoir échanger avec les principaux leaders politiques, échanger sur la notion de travail, sur les retraites, sur la santé, sur l'immigration, sur le retour de l'autorité, sur la justice, sur les déficits, sur l'éducation nationale. Tout ça, ça nous a manqué en 2022, et je pense qu'il faut qu'on ait ce temps. Et cette proposition de programmation d'élections anticipées me semble tout à fait opportun."

 

Pourquoi faire une élection présidentielle anticipée ?
Crédit : Alexis Vellayoudom
François Gernigon - Election présidentielle anticipée pourquoi_07 10 25_AVC

 

Quand on sait qu'Édouard Philippe a été le Premier ministre lors du premier mandat d'Emmanuel Macron, ce n'est pas un désaveu du président en poste actuellement ?

 

"Non, parce qu'il l'a bien dit d'ailleurs, c'est un respect d'abord de la personne, ce n'est pas une attaque contre la personne. C'est-à-dire quand on a la fonction d'être président de la République, on a une responsabilité vis-à-vis du fonctionnement des institutions, et c'est une proposition qui est faite, non pas à l'encontre de l'homme, mais à l'encontre de la fonction." 

 

Pourquoi ne pas demander la destitution, c'est un petit peu la même chose ?

 

"Non, la destitution, ce n'est pas la même chose. La destitution, ce sont les parlementaires, au sens large, qui décident quelque part, si je puis dire, de pousser vers la sortie le président, alors que l'idée, ce n'est pas du tout ça. L'idée, c'est de dire qu'il faut qu'Emmanuel Macron comme l'a fait le général de Gaulle en 1969, remette la décision dans la main des Français. Je pense que c'est beaucoup plus honorable."

 

 

La politique française est dans une impasse ? 

 

"Bien sûr, et je pense que tout le monde a compris qu'on est dans une impasse. Sur le terrain, chaque fin de semaine, j'entends, plus personne ne comprend ce qui se passe ou plutôt comprend bien ce qui se passe, c'est qu'on est dans une situation de blocage. Et puis une dissolution, chacun est d'accord pour dire que ça ne changera rien. On ne va pas redonner une majorité à l'Assemblée nationale, il ne va pas y avoir de débat démocratique sur les sujets de fonds."

 

Et un gouvernement de cohabitation, c'est ce que proposent les Républicains ?

 

"La France est dans le déclin depuis une cinquantaine d'années, quelles que soient les alternances politiques, on a laissé filer les choses. Il y a des vrais débats de fond à avoir et aujourd'hui, c'est le moment, laisser le temps au débat, et que les Français puissent décider à l'issue de cette période de débat démocratique."

 

Il n'y a t-il pas une autre solution qu'une élection anticipée ?
Crédit : Alexis Vellayoudom
François Gernigon - Election Dissolution Cohabitation_07 10 25_AVC

 

Cette situation de blocage, on a le sentiment qu'elle est générée par tous les députés. Il n'y pas de compromis possibles ?

 

"Je ne mettrai pas tous les députés dans le même panier. Nous, chez Horizons, on a toujours prôné le fait de pouvoir travailler ensemble, discuter ensemble, mais on s'aperçoit qu'il y a des groupes politiques où discuter ensemble, c'est imposer les idées, ce n'est même pas ouvrir le débat. Si on prend le vote de confiance de François Bayrou, la question qui était posée, c'est "Est-ce qu'on est d'accord sur le constat ? Alors, soit les députés n'ont pas compris la question, soit ils ont fait fi de ne pas comprendre la question. Nous, chez Horizons, à l'unanimité, on a dit oui, on est d'accord sur le constat, et puis il y a à peu près deux tiers des députés qui ont refusé cette façon de voir les choses, et on voit bien qu'il y a une volonté de rester dans une situation de blocage."

 

Cette situation impacte comment vos travaux au Parlement ?

 

"C'est compliqué, je suis membre de la Commission des Affaires sociales, je travaille beaucoup sur le grand âge, sur le handicap. Je découvre le parcours du combattant pour ces personnes. Il y a beaucoup d'idées à développer, mais aujourd'hui, on n'arrive pas à faire avancer les choses. J'ai déposé une proposition de loi sur le métier d'audioprothésiste il y a plusieurs mois, je suis moi-même atteint par la perte d'audition, simplement, je ne peux pas l'inscrire à l'ordre du jour parce que la situation est bloquée. On pousse des sujets, ça ne nous empêche pas de travailler, de continuer à réfléchir, mais on n'arrive pas à faire avancer les sujets et les choses."