Maine et Loire

Pouancé. Avec la fermeture de 36 lits à l'hôpital, les soignants ont "peur pour l'avenir"

Ils étaient 150 à manifester ce jeudi 9 octobre dans le centre-ville de Pouancé, pour dénoncer la fermeture des 36 lits de l'USLD (l'Unité de soins de longue durée) de l'hôpital, le 1er janvier 2026. Ils dénoncent une dégradation des soins, après la fermeture de quatre services déjà depuis 2022.

Publié : 10 octobre 2025 à 12h32 par Marie Chevillard

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150 personnes ont manifesté à Pouancé ce jeudi, contre les fermetures de lits à l'hôpital.
Crédit : MC

Ils ont choisi de défiler dans les rues du centre-ville de Pouancé un jeudi, jour de marché, pour espérer se faire entendre et être le plus visible possible. À l'appel de la CFDT de l'hôpital Châteaubriant-Nozay-Pouancé, 150 personnes ont manifesté ce jeudi 9 octobre, pour protester contre la fermeture des 36 lits de l'USLD (l'Unité de soins longue durée) sur le site pouancéen, au 1er janvier 2026. Un léger sursis accordé aux familles des patients et aux soignants pour s'organiser, alors que la fermeture avait été annoncée initialement le 1er octobre. "C'est une décision lourde pour notre hôpital et pour l'économie locale, souligne Sonia, infirmière sur le centre hospitalier et représentante de la section CDFT. Depuis 2022, 70 lits ont été fermés à Pouancé, avec notamment la fermeture des services SSR (Soins de suite et de réadaptation) et UCC (Unité cognitivo-comportementale). Ça correspond à 50 équivalents temps plein."

Alors que 19 lits de l'USLD étaient déjà gelés depuis plusieurs mois, ce sont donc 17 résidents qui vont devoir trouver une place à l'Ehpad de l'hôpital ou ailleurs. "Certains pleurent, ils se sont habitués à nous, explique Maïré, infirmière à l’USLD. On sent que ça les peine et qu’ils stressent aussi à l'idée de changer d’endroit, de ne plus avoir leur routine."

 

"On a fait des miracles ici, c'est du gâchis"

 

En congé maternité, la jeune femme n'a pas pu vraiment en profiter, puisqu'il a fallu rapidement donner ses choix de réaffectation. "On a peur pour l’avenir : est-ce que l’Ehpad où on peut rester actuellement va fermer plus tard ? Pour nous, c’est tout un changement de service, avec des pathologies qui peuvent être différentes, il va falloir se réadapter à une autre façon de travailler." 

Si ses collègues titulaires devraient elles aussi se voir proposer une place à l'Ehpad pouancéen ou sur le site de Châteaubriant (avec donc des frais kilométriques en plus), celles en CDD pourraient ne pas voir leur contrat renouvelé. Et ce, alors que l'équipe soignante est "formidable et fait des miracles, selon le Dr Camille Diara, médecin vacataire de l'USLD depuis sa retraite en 2020. On parle du nombre de lits fermés, mais le plus important, c'est le qualitatif." Il cite quelques exemples : "un de nos patients parti en début de semaine était en soins palliatifs à son arrivée. Aujourd’hui, il est en maison de retraite et il marche ! Un monsieur SDF est arrivé ici aveugle, sans pouvoir se déplacer : là, il voit, il marche, il se déplace... Il y a une superbe équipe, c’est vraiment du gâchis."

 

Au coeur de la manifestation, où soignants et médecin dénoncent un "gâchis" avec ces 36 lits fermés
Crédit : Marie Chevillard

 

Si l'argument financier est évoqué pour expliquer cette fermeture, la direction de centre hospitalier met aussi en avant la difficulté à retrouver un médecin. Raison pour laquelle le Dr Camille Diara avait été embauché en tant que vacataire il y a cinq ans. "Je pensais qu'on allait trouver une solution, et j'étais prêt à revenir bénévolement pour accompagner un nouveau médecin, assure celui-ci. C’est vrai qu’on est à Pouancé, c'est la campagne, c'est le problème des déserts médicaux... Je pense aussi que cette jeunesse ne veut plus s'investir comme nous, on a pu s'investir. Et puis il y a la peur, ce n’est pas évident de se retrouver tout seul comme médecin, même si on a l’appui des spécialistes à Châteaubriant."

Au bout du compte, toutes les personnes interrogées regrettent surtout une moins bonne prise en charge des patients : "ça oblige les citoyens à devoir faire plus de kilomètres pour aller se faire soigner, ce n’est pas acceptable", assène Sonia. Une crainte partagée par Marie-Claude, aide-soignante à la retraite depuis 2021 mais qui travaille toujours à l'hôpital quelques jours par mois. "Je trouve dommage dans la manifestation qu’il n’y ait pas plus de personnes âgées de Pouancé, qui vont être concernés par ces fermetures de lits. Et c’est notre avenir aussi, finalement."

 

Des répercussions sur le site de Châteaubriant

 

Son contrat pourrait être parmi les premiers à sauter, mais elle s'inquiète plutôt des conséquences pour ses collègues à Pouancé... et à Châteaubriant, où la réorganisation des services ne s'est pas faite sans mal. "Sont mêlés l'USLD, avec des personnes très dépendantes, à qui il faut donner à manger, faire leur toilette ; et l'UCC, où là on va s'occuper d'équilibrer les traitements des patients, qui peuvent avoir Alzheimer par exemple… Nos collègues volontaires qui ont intégré l'UCC n’ont pas été formées, alors qu'on a besoin de ces outils pour calmer les gens, pour bien les accompagner".

Les soignants regrettent aussi une "absence de dialogue" avec la direction de l’hôpital, depuis l'annonce de la décision début septembre. Les soignants titulaires connaîtront leur nouvelle affectation le mercredi 15 octobre.