Procès de Saïd Chabane. 3 ans de prison requis dont un avec sursis contre le propriétaire d'Angers Sco

Saïd Chabane, propriétaire d'Angers Sco est jugé au tribunal correctionnel depuis le lundi 18 décembre pour des faits d'agressions sexuelles aggravées .Sept femmes l'accusent, Le procureur a requis 3 ans d'emprisonnement dont un an assorti avec un sursis simple. Ce qu'il faut retenir du procès.

19 décembre 2023 à 19h35 - Modifié : 19 décembre 2023 à 21h51 par Alexis Vellayoudom

Le procureur a donné ses réquisitions à l'encontre de Saïd Chabane, président d'Angers Sco.
Le procureur a donné ses réquisitions à l'encontre de Saïd Chabane, président d'Angers Sco.
Crédit : Alexis Vellayoudom/Oxygène Radio

Saïd Chabane s'est enfermé dans son silence. Depuis lundi 18 décembre, le propriétaire d'Angers Sco est jugé au tribunal correctionnel pour des faits d'agressions sexuelles aggravées. Sept femmes l'accusent. Les deux jours d'audience ont été riches en témoignages. Seul Saïd Chabane est resté muet. Face aux témoignages des victimes, l'ex-président du SCO a continué de nier les faits relatés. Au terme de l'audience, le procureure de la République a requis 3 ans d'emprisonnement dont un an assorti avec un sursis simple. Pour l'interdiction de gérer une entreprise, il laisse le tribunal en juger. Retour sur ce qui a marqué le procès.

 

Le même schéma pour chaque victime présumée

 

Que ce soit au sein des locaux d'Angers Sco ou de son entreprise Provinces et Traditions à la Ferté-Bernard, les victimes relatent les mêmes faits. Un président ou un patron qui les enlace, laisse balader ses mains sur leurs fesses. Des mains sur leurs cuisses, des tentatives de baisers volés, des bisous sur le front ou encore des mains sur leurs poitrines. A chaque fois, les victimes décrivent des moments seuls dans des endroits discrets avec Said Chabane. Les sept accusatrices rapportent aussi un climat, "malsain", "un sentiment de peur", "la peur de représailles". 

 

Saïd Chabane dans le mutisme...

 

Mais ce qui aura marqué ce procès, c'est la défense bancale, préparée par Saïd Chabane et ses avocats. Le proriétaire du SCO a d'ailleurs donné le ton dès son propos liminaire en refusant de répondre tout au long du procès aux questions d'Eric Bouillard, procureur de la République d'Angers. Saïd Chabane s'est d'ailleurs enfoncé dans un mutisme complet face aux victimes. Ne répondant que pour souligner qu'il ne reconnaissait pas les faits et qu'il ne se retrouvait pas dans les propos qui le décrivaient. 

 

... et le silence des hommes

 

En témoigne, un directeur commercial de la société Provinces et Traditions, invité à la barre par la défense de Saïd Chabane. Il affirme n'être au courant de rien. Des propos très vite contredits par la présidente, "aucun salariée n'est venue vous parler ? Vous n'avez rien entendu ? Pourtant une témoin dit, il était au courant de tous ces faits, mais il protégeait Saïd Chabane. Il ressort du dossier que certaines de vos collaboratrices s'étaient confiées à vous. Il règnait la loi du silence. C'était connu de tous. Et vous vous venez nous dire ce matin que vous l'avez ignoré jusqu'à la révélation des faits ?". "Beaucoup d'hommes savent des choses et ils ne disent rien. Ils sont encore en poste et ils ont peur de parler", raconte une des victimes. 

Parmi les victimes du SCO, beaucoup décrivent des échanges avec des membres masculins du club. Un homme est notamment mis en cause par des échanges de SMS. Toujours est-il qu'il est resté muet. Un autre a reçu les condifences d'une plaignante, il s'est présenté à la barre pour défendre Saïd Chabane.

 

Des témoins qui desservent la défense ?

 

Parmi les temps forts de ce procès, un moment "clownesque". Un témoin de dernière minute qui se présente comme le cousin du maçon de Saïd Chabane. Il dit rencontrer l'ex-président d'Angers Sco pour la première fois et explique détenir un enregistrement audio pris lors d'une soirée où deux plaignantes auraient été présentes et avouées qu'elles faisaient ça pour l'argent. Interrogé sur les raisons qui l’ont poussées à enregistrer cette discussion, il répond : « je sais pas pourquoi j’ai enregistré. Elles me disaient la vérité. Monsieur Chabane, n’a pas besoin de toucher les filles, il a de l’argent et la plus belle femme ». Il poursuit : "tout le monde peut se faire accuser, c’est pour de l’argent qu’elles sont là les filles ». Malmené, l’homme est mis face à ses contradictions sur les conditions d’enregistrement, les victimes présentes à cette soirée et son intérêt dans l’affaire. L’enregistrement est diffusé, une mise en scène, le son n'est pas de bonne qualité, la discussion ne semble pas naturelle. Il est jugé fallacieux. Le témoin se tourne vers les plaignantes et lâche "Monsieur Chabane va pas toucher ça. L’escorte la plus chère est à 200 €" . Me Mahlaoui, l'avocat de l'une des victimes présumées, fait même savoir qu'il veut entamer une procèdure pour "faux et usage de faux". 

D'autres témoins ont, semble t-il, desservi la défense. Un avocat et conseiller pour les sociétés de Saïd Chabane termine le bal. Il a embauché une des plaignantes. Un soir, il l’a croise tard en ville. Elle ne vient pas lui dire bonjour. "Elle n’avait pas une tenue adéquate pour se déplacer en ville le soir", explique t-il. "Cette tenue était comment ? » demande la présidente. "Choquante, très pailletée, extrêmement déshabillée", répond le témoin. "Une tenue de soirée ?", dit la présidente . "Ce n’est pas le type de tenue de soirée que j’ai pu observer lors des fêtes auxquelles j’ai participé. La tenue était extrêmement courte et au niveau des hanches", répond l'homme. La présidente essaye de comprendre le rapport avec l’affaire. "L’attitude et la tenue ont été extrêmement surprenantes", explique cet avocat. Durant son stage, il raconte que la plaignante manquait de curiosité et était venue pour chercher une rémunération, "j’ai fait une erreur de dire oui trop vite". Le tribunal peine à faire dire au témoin de la défense le fond de sa pensée et le rapport entre ses déclarations et le dossier. La plaignante s’adresse au témoin , "j’ai quitté un CDI pour venir travailler chez vous donc ce n’était pas alimentaire". Elle s'est mise à pleurer.

La défense a demandé la relaxe de Saïd Chabane. La décision du tribunal est mise en délibérée et sera rendue le 16 février 2023.