Salon de l'Agriculture. #SauveTonPaysan, la FDSEA 53 alerte les politiques sur les problématiques du monde agricole

À quelques jours du Salon International de l'Agriculture, la FDSEA 53 a lancé une campagne d'affichage #SauveTonPaysan pour dénoncer la rémunération de la profession et les accords commerciaux avec le continent américain.

23 février 2023 à 7h37 par Alexis Vellayoudom

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La FDSEA 53 a collé ses affiches dans tout le département
Crédit : Alexis Vellayoudom

La FDSEA 53 conjure le gouvernement de sauver les paysans. Depuis quelques jours, le principal syndicat agricole, à travers sa campagne #SauveTonPaysan, colle des affiches dans toute la Mayenne pour dénoncer et alerter le gouvernement sur les conditions de travail, de rémunération des agriculteurs, mais aussi les accords commerciaux avec le continent américain. Entretien avec Mickaël Gautrais, producteur laitier à Ampoigné et délégué FDSEA du canton de Château-Gontier. 

 

 

Mickaël, parmi les affiches collées, il y en a une qui montre plusieurs classeurs empilés. C'est pour dénoncer le trop-plein de paperasse ?

 

"Oui, aujourd'hui, on peut estimer sur notre temps de travail, on en a un tiers consacré à la paperasse. C'est devenu trop important. On est nettement mieux à nous consacrer à notre élevage que de remplir des papiers. C'est consigné tout ce qu'on fait de la journée quasiment. C'est les épandages d'engrais, les épandages des produits phytosanitaires, de déclaration PAC, la comptabilité, ça, c'est le minimum à faire. Il y a un excès, faut tout déclarer. Il n'y a plus de confiance dans le chef d'entreprise qui est de bonne foi. On a certains nombres d'aide qui tombent, c'est vrai, mais que si les papiers sont bien remplis. À un moment donné, on a aussi le droit à l'erreur et le volume fait que ça devient trop important et on se dégoûte. Ça peut aussi dégoûter les jeunes générations pour s'installer en agriculture". 

Trop de paperasse pour les agriculteurs
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Sur une autre affiche, vous comparez l'élevage américain et l'élevage français, qu'est-ce que vous voulez faire comprendre ? 

 

"Faut faire confiance aux éleveurs français. En France, on produit des produits d'extrême qualité avec des normes sanitaires, les plus strictes au monde. Quand on fait des importations, ce n'est pas de la même qualité que ce que l'on fait en France. Il y a la plupart du temps, un non-respect de l'environnement. Il y a moins de garantie sanitaire et il y a aussi moins de bien-être animal. Sur notre affiche, on a mis deux photos, des rouges des Prés en pleine nature, pâturant avec des petits veaux et des élevages américains, les feed-lots où les animaux sont parqués sur des petites surfaces et nourris de manière un peu douteuse. Ces viandes, on n'accepte pas qu'elles viennent sur notre assiette en France et avec des coûts de production forcément plus bas. Faudrait que toutes ces importations soient faîtes dans les normes françaises". 

 

La FDSEA dénonce les accords du Mercosur
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Le problème numéro un que les syndicats dénoncent depuis plusieurs années, c'est la rémunération, toujours trop basse selon vous ? 

 

"Ça fait 27 ans que je suis installé et malheureusement, c'est encore vrai aujourd'hui. Les producteurs ne sont pas suffisamment rémunérés, notamment en élevage parce que ça demande beaucoup de temps de travail et de temps de présence. On arrive à sortir des revenus parce qu'il y a beaucoup d'heures de passées, mais ramenée à l'heure de travail, la rémunération est extrêmement faible. Il y a beaucoup d'agriculteurs qui partent à la retraite dans les prochaines semaines et le problème principal pour les jeunes qui arrivent, c'est la rémunération des productions". 

 

La rémunération toujours problématique
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Et ça engendre d'autres problématiques comme la baisse du nombre d'élevage, quel impact ça va avoir ? 

 

"La taille des élevages a tendance à grossir, mais un certains nombre abandonne la production. Qui dit abandon de l'élevage, dit la biodiversité n'est plus là parce qu'on passe en grande culture. On fait travailler beaucoup moins de monde en grande culture. L'élevage quand il disparaît, il y a moins d'emplois derrière, faut savoir qu'on fait travailler tous les industriels, les transporteurs, les fabrications d'aliments. Quand on dit qu'un agriculteur mayennais nourrit en moyenne 4 000 personnes, il fait travailler indirectement beaucoup de gens derrière. Et vous aurez toujours un milieu rural plus actif en zone d'élevage qu'en zone de grandes cultures".