Santé : Force Ouvrière demande des moyens pour les EHPAD de la région à Nantes

La branche santé de FO attend 400 à 500 soignants devant la préfecture de région à 14h30 cet après-midi. La situation déjà tendue s’est dégradée depuis la crise sanitaire, avec des fermetures de lits dans les EHPAD publics faute de personnel.

14 juin 2022 à 13h42 par Coralie Juret

manif RVO Ste Gemmes soignants épuisés
Crédit : Archives Oxygène Radio

Ils sont 8 à faire le déplacement depuis Segré-en-Anjou Bleu et les Résidences du Val d’Oudon, et 53 soignants de la Mayenne à rejoindre la manifestation régionale aujourd’hui à Nantes. Après une rencontre de 150 représentants FO des EHPADS publics de la région le 5 mai, le syndicat passe à l’action pour réclamer des effectifs et une hausse de salaires pour les agents.

 

Des week-ends ou des congés qui sautent

 

« Le Covid a pointé les difficultés sous-jacentes », explique Brigitte Molinès, secrétaire FO santé en Maine-et-Loire. « Des agents soignants ont décidé de quitter les structures pour se reconvertir en usine, dans la petite enfance... Énormément de soignants sont partis, et on a régulièrement des démissions. Le métier n'est plus attractif », constate cette soignante angevine.

Son collègue segréen Frédéric Dauvier acquiesce : « la situation est très difficile, on manque d'effectifs en soins et pour l'entretien aux RVO » (Résidences du Val d’Oudon). Les agents sont contraints de s’auto-remplacer, de revenir sur leurs week-ends de repos. « Il manque des personnes pour remplacer cet été » souffle l’infirmier, « au lieu de partir 3 semaines on va peut-être devoir réduire ou déplacer les congés. C’est en négociation avec la direction ». Depuis que le protocole Covid a été levé et les moyens avec, « c'est toujours plus vite, et on passe moins de temps avec les résidents, on lâche des tâches. C'est très difficile pour les agents et la fatigue se fait sentir ». Il résume : « c’est pire qu’avant Covid ».

 

« Les établissements sont contraints de fermer des lits »

 

Et pour Brigitte Molinès, le Ségur de la santé ne suffit pas : « avec l’inflation, c’était juste la compensation de ce qui nous était dû ! On a beau augmenter le nombre dans les écoles d'aides-soignants et d'infirmières, les candidats ne se bousculent pas au portillon ». Selon la représentation FO santé 49, il faudrait des années pour arriver à compenser ce qu'il manque, et les conséquences se font déjà sentir : « notre inquiétude première c'est de se dire comment on va faire aujourd'hui pour maintenir nos EHPAD, dans le département au moins une dizaine d'établissements ont une dizaine de lits de fermés sans résidents, parce qu'on n'a pas les effectifs pour les prendre en charge correctement. Déjà on ne les prend pas en charge correctement avec les effectifs qu'on a. La priorité aujourd'hui c'est de sauver nos EHPAD. Revaloriser les grilles si c'est pour avoir 10 personnes à travailler au lieu de 20, à un moment donné ça pose des problèmes ».

45% des établissements français sont publics, « c'est la possibilité pour les personnes qui ont des petits moyens d'être pris en charge aussi bien que ceux qui ont des moyens », rappelle la responsable syndicale. Force Ouvrière attend 400-500 agents des Pays de la Loire devant la préfecture de région à Nantes à 14h30. La plupart viennent sur leur repos en cette période où les congés sont déjà commencés : « si on arrive à réunir 400-500 personnes aujourd’hui ce sera déjà une victoire », conclut Brigitte Molinès. Une délégation sera reçue à 15h30 par le préfet de région, et des représentants de l'Agence régionale de santé et du Conseil régional.