Segré. Fabriqué et imaginé dans le Haut-Anjou, ce meuble design sera bientôt à l'Élysée

La cinquième fois a été la bonne pour Pierre et Matthieu Rochepeau. Après quatre tentatives infructueuses les années précédentes, une des créations des co-gérants des Ateliers du Drugeot a été retenue pour l'exposition Fabriqué en France, qui aura lieu les samedi 15 et dimanche 16 novembre prochain, au palais de l'Elysée. Il s'agit de la table de chevet Pirouette, imaginée par les designers Maurizio Galante et Tal Lancman, installés à Nyoiseau. Pendant un peu plus d'un an, ils ont travaillé sur cette création en lien étroit avec Les Ateliers du Drugeot, basés à l'Hôtellerie-de-Flée et à Segré.

"En avril-mai 2024, je suis allé voir Maurizio et Tal, pour leur proposer de créer cinq produits pour le salon Révélations en mai 2025 au Grand Palais à Paris, rembobine Pierre Rochepeau. Et c'est comme ça qu'a démarré la création d'une gamme, dont est issu le chevet Pirouette." Gamme dans laquelle on retrouve aussi un miroir, une table à manger, un nichoir et un luminaire, tous fabriqués en chêne massif en provenance de la scierie de Partenay-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). C'est d'ailleurs le cas pour tous les autres meubles fabriqués par les ébénistes segréens, mais le partenariat avec les designers nyoisiens se distingue du reste de leur activité. "Ils nous apportés un design différent et nous ont aussi envoyé vers un imaginaire différent. Ils nous ont poussés hors de notre zone de confort, mais sans nous demander des choses impossibles."

Un "échange créatif de proximité"

Un "échange créatif" très apprécié par Maurizio Galante et Tal Lancman, installés depuis trois ans et demi à l'abbaye de Nyoiseau, à peine à cinq km des Ateliers du Drugeot. "C'est notre première collaboration avec une société sur le territoire, explique Maurizio Galante. Et la proximité change énormément de choses : on a eu plaisir de travailler ensemble, à toucher la matière, imaginer ce que ce sera dans la maison... On fait beaucoup de recherches lorsqu'il s'agit de mobilier, parce qu'aujourd'hui, on passe plus de temps avec nos chaises et notre table par exemple, qu'avec la personne qu'on aime."

Les allers-retours entre les designers et l'atelier d'ébénisterie ont été très nombreux, pour ne pas dire constants, constrairement à d'autres projets menés ailleurs. "Parfois, il y a des marques où on dépose des croquis, ensuite nous sommes invités à voir le premier prototype... et c'est tout, expose Tal Lancman. Alors qu'ici, on se déplaçait très souvent, on a développé des idées ensemble avec l'équipe. Ils sont revenus vers nous à chaque fois dans l'instant, c'était extrêmement agréable, très satisfaisant."

De l'Élysée à Calais, voire Milan

Et alors, ce chevet Pirouette, à quoi ressemble-t-il ? "C'est un produit qui veut interagir avec le public, ça lui donne une âme, apprécie Maurizio Galante. On peut le modifier, jouer avec ses onze plateaux : c'est vraiment caractéristique de notre travail, avec l'importance donné au mouvement." "Quand on le voit, on pense à une sculpture, ajoute Matthieu Rochepeau. On se retrouve avec un chevet complètement atypique, tout en légèreté". Et même personnalisable, avec le choix de la couleur à l'intérieur du tiroir, et de la finition du bois.

Une création bientôt admirée par les quelque 10 000 visiteurs de l'exposition Fabriqué en France, très attendue par les gérants des Ateliers Drugeot. "C'était quand même la cinquième fois qu'on postulait pour cette exposition, donc quand on a eu la nouvelle, évidemment on a sauté de joie ! C'est une reconnaissance pour notre équipe et une belle visibilité, ça va nous permettre de toucher un public plus large : nous, petite entreprise de douze personnes dans le Haut-Anjou, on est fiers de savoir qu'un de nos meubles va arriver au palais de l'Élysée." Une première étape, avant que le chevet Pirouette ne soit exposé à la Cité de la dentelle et de la mode à Calais à partir de juin 2026 pendant six mois, et pourquoi pas à la prochaine Design week de Milan.

Plus habitués des concepts stores et décorateurs, ce meuble à la destinée particulière devra aussi toucher une nouvelle clientèle, précise Matthieu Rochepeau. "L'ensemble de la gamme développée avec Maurizio et Tal est typiquement destinée aux galeries ou à des architectes, pour des pièces d'exception. On ne connaît pas ce milieu-là, donc on apprend, il y a plein de belles choses à faire..." L'entreprise planche aussi sur l'agrandissement de son site de Segré - le permis de construire vient d'être déposé - pour éviter les déplacements entre l'Hôtellerie de Flée (dédié à la première partie de la fabrication) et Segré (pour les finitions, le vernis et l'emballage).