Segréen. Travail et logement des sans-papiers, un ciné-débat pour en parler
Ce jeudi 5 décembre, l'association Solidarité Migrants du Segréen organise un ciné-débat au cinéma Le Maingué avec le film L'Histoire de Souleymane pour aborder les problématiques du travail et du logement sur le territoire.
Publié : 29 novembre 2024 à 10h55 par Alexis Vellayoudom
"Le contexte n'est pas vraiment favorable", s'alarment les bénévoles de Solidarité Migrants du Segréen. L'association née en 2023, pour reprendre la suite du Collectif Segréen pour la Libre Circulation des Personnes, a senti le ton se durcir depuis plusieurs mois quant à la situation des migrants en situation irrégulière. "Avec les deux derniers préfets, c'est devenu compliqué d'échanger. Et ça ne devrait pas aller en s'arrangeant", confie l'un des bénévoles.
Une référence à l'arrivée récente de Bruno Retailleau à la tête du Ministère de l'Intérieur. Dès ses premiers jours, le Vendéen a affiché sa volonté de durcir les règles en matière de régularisation donnant lieu à deux circulaires. "Nous devons régulariser au compte-goutte sur la base de la réalité du travail et de vrais critères d'intégration", expliquait l'ancien président du Conseil régional des Pays de la Loire. Comme une manière de contre-attaquer, l'association SMS a donc décidé de mettre en lumière ce que peuvent apporter certains de ces sans-papiers en proposant un ciné-débat le 5 décembre à 20h au cinéma le Maingué de Segré sur le film L'Histoire de Souleymane.
"Il y a plein de demandeurs d'asile qui sont prêts à travailler"
L'un des thèmes principaux du film, c'est la question du travail. Une problématique ressentie aussi sur le Segréen. "Actuellement, la situation est assez terrible, puisqu'il y a plein d'entreprises, on le voit ici sur le Segréen, qui recherchent de la main-d'oeuvre", constate Henri-Claude Houssais. Rien que dans le Nord de l'Anjou, des dizaines de personnes en situation irrégulière ou attente de régularisation seraient embauchées avec bulletin de salaire, cotisations. Principalement dans des secteurs en tension comme l'agriculture ou l'artisanat. "Il y a des entreprises qui préfèrent prendre des risques et payer une amende, car elles n'arrivent pas à recruter. Il va bien falloir régulariser à un moment ou un autre. Même le Medef (ndlr : syndicat patronal) le dit. Cette situation est complètement ubuesque et surtout terrible pour les personnes qui sont sans statuts", poursuit le bénévole.
D'autres entreprises du territoire ont bien tenté de passer par la voie légale. La Toque Angevine ou encore Constructions du Haut-Anjou ont déposé plusieurs dossiers en préfecture avec des promesses d'embauche. "Il y a plein de demandeurs d'asile qui sont prêts à travailler, mais la préfecture bloque toujours leur régularisation par le travail", relate l'association. "Ça décourage ces entreprises parce que le dossier est très lourd à mettre en place. Ça bloque alors qu'il y a de l'emploi sur le Segréen pour ces personnes", s'agace le militant.
Un besoin de logements d'urgence dans le Segréen
L'autre question mise en exergue par le film de Boris Lojkine, c'est l'hébergement de ces personnes. "On a beaucoup de difficultés. Grâce aux associations, il est possible de nourrir, d'habiller, d'avoir du mobilier à pas chère. Le seul souci, c'est le logement", confie Henri-Claude Houssais. Selon l'association SMS : "Angers est dépassée. La situation est tendue partout". "On peut y répondre rapidement et d'une manière simple, en mettant en place mobil-homes, des tiny houses et d'autres logements qui ne sont pas en dur. Qu'on puisse avoir un terrain. Des mobils-home, il y en a plein qui partent à la casse. Il suffit simplement d'aller les chercher. On est révolté qu'ici, il ne se passe rien. C'est simplement une volonté politique", martèlent les bénévoles. "Pour les Ukrainiens, ça a été assez extraordinaire parce qu'à partir du moment où il y a eu une volonté politique. Au bout de quelques mois, les personnes avaient un logement, la carte de sécurité sociale et un compte bancaire. Ils pouvaient même travailler rapidement. Comme quoi, quand on veut, on peut".
L'association espère, dans les prochaines années, pouvoir ouvrir un logement d'urgence sur le Segréen, sous l'égide de l'association ou d'une mairie. "Si on peut avoir un logement, même précaire, pour pouvoir provisoirement faire que les familles ou les individus ne soient pas dehors surtout à cette période, c'est notre priorité". Heureusement, en attendant, l'association peut compter sur des anonymes. Par exemple, un migrant a été accueilli pendant 8 mois dans 11 familles différentes. "C'est assez extraordinaire comment il y a sur le Segréen un élan de générosité et de personnes et de familles qui accueillent. Il y a une humanité extraordinaire. Elles ne supportent pas que des gens puissent rester dans la rue", s'émeut Henri-Claude.
Le théâtre pour trouver des financements
Autant de thèmes qui seront abordés lors du débat qui suivra la séance, avec notamment, Ninon Cochennec, juriste angevine, spécialisée dans la migration internationale et l'association Solidarité Migrants, d'une Rive à l'autre, basée à Juvardeil. En parallèle, Solidarité Migrants du Segréen cherche une commune qui pourrait lui mettre à disposition une salle pour lancer un projet de théâtre avec des migrants soutenus par l'association et des compagnies locales comme l'Ourson Blanc et la Cie Cosnet, afin de récolter des fonds.
Infos pratiques :
-Séance à 5,90 €
-Réservation directement au cinéma ou au 02 41 92 27 43