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Stade lavallois. Pas de nouveau maillot, une édition collector, quel est l'impact réel sur le bilan carbone du club ?

En juin, le Stade lavallois a annoncé qu'il réutiliserait son maillot de la saison 2024/2025 pour la saison à venir. Une décision prise pour des raisons environnementales et économiques, mais quel est l'impact réel pour le club ? Un maillot collector sera tout de même édité en septembre prochain à 300 exemplaires.

Publié : 16 juillet 2025 à 15h36 - Modifié : 16 juillet 2025 à 16h06 Alexis Vellayoudom

Laurent Lairy, le président du Stade lavallois est l'invité de Club Oxygène.
Laurent Lairy, le président du Stade lavallois
Crédit : Nicolas Geslin/Oxygène Radio

Dans le jargon, on appelle ça un bon coup de communication. Le 12 juin dernier, par voie de communiqué, le Stade lavallois annonçait reconduire son maillot de la saison 2024/2025 pour la saison à venir. Sans rentrer dans le détail, le club invoquait un "contexte où les enjeux environnementaux et économiques ne peuvent plus être ignorés [...] Produire moins, consommer mieux, valoriser ce que nous avons". Mais quel est l'impact réel d'une telle décision ? Laurent Lairy, le président du Stade lavallois, détaille davantage le projet, en dévoilant aussi une petite surprise pour les supporters tango restés sur leur faim. 

 

Laurent Lairy, avant de rentrer dans le détail, concrètement quel est le processus quand le Stade lavallois produit un maillot ?

 

"Dans les grandes lignes, on est sous contrat avec l'équipementier Kappa qui propose un tas d'articles, dont le fameux maillot de l'équipe fanion. Ce maillot est conçu à partir d'éléments graphiques qu'on souhaite avoir sur le maillot puis pensés par des designers. Ensuite, on le valide et il est produit. Et ce sujet de production, c'est un sujet de mondialisation parce que quand un maillot arrive sur le dos d'un joueur, il a probablement fait le tour du monde pour être porté. Au niveau de la maille textile, on ne produit plus rien en Europe et donc ce maillot est produit en Asie avec des volumes imposés. Ces volumes sont à disposition des joueurs pour le maillot officiel et on fait éventuellement des séries répliqua qui sont vendues au grand public."

 

Ne pas refaire un nouveau maillot, concrètement ça va vous coûter moins cher ? 

 

"Ça ne coûte pas forcément moins cher, même si c'est un peu d'économie sur la partie design. C'est surtout une économie sur les volumes. Dans des clubs intermédiaires comme les nôtres, quand on produit, par exemple, un peu près 2 000 maillots qui sont en série sur une demi-saison, il reste souvent des invendus, entre 15 à 20 %, qui sont détruits ou donnés avec un impact environnemental qui n'a pas d'intérêt sur le plan économique et sociétal. La question qu'on s'est posée, c'est comment éviter cette perte de matière première ? On a donc pris la décision de jouer avec le même maillot sur deux saisons." 

 

 

Ces 15 à 20 % de maillots "jetés", ça représente quoi financièrement ? 

 

"Ça reste minime, mais compte tenu de la situation dans laquelle nous sommes au niveau des moyens financiers du football, ça évite une perte constatée au bilan. C'est le principe du colibri, cette petite goutte additionnée aux petites gouttes qui à un moment donné font des pertes importantes. Et dans une période de restriction budgétaire, on étudie tous les postes pour essayer de faire des économies et donc là, ça avait un intérêt économique et environnemental."

 

Pour revenir à l'enjeu environnemental, reconduire ce maillot ça a quel impact sur votre bilan carbone ?

 

"C'est quelques kilos de carbone économisés, mais ce sont des kilos additionnés qui finissent par faire des tonnes. Aujourd'hui, on a un bilan carbone sur tous les postes du club, y compris au niveau l'expérience spectateur. J'ai embauché une personne qui gère ça. Évidemment, le poste le plus important, c'est le déplacement des spectateurs au stade, c'est 80 % des consommations. Là-aussi, on travaille sur des expériences de covoiturage, de la mobilité douce. On essaye de travailler pour pouvoir présenter un bilan qui soit dans la moyenne basse du monde du football. Notre bilan des deux dernières années sortira en septembre (entre juillet 2021 et juin 2022, il était de 1 200 tonnes ndlr). C'est une démarche d'exemplarité tout simplement. On est tous dans cette problématique où durant des années, on ne mesurait rien. On a aussi travaillé sur les hospitalités du club. Aujourd'hui, on ne travaille qu'avec un seul traiteur et toute la nourriture au stade est consommée, quasiment à 100 %. On n'a plus de pertes."  

 

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C'est le contexte économique qui vous a forcé aussi à prendre cette décision ?

 

"Évidemment, le contexte nous oblige et nous motive à aller plus loin. Bien sûr, il s'agit de ne pas détruire l'expérience. Tout ça ne sert que si on a des résultats, si l'expérience permet aux spectateurs et à la population de vibrer. C'est un équilibre qu'il faut trouver tout en ayant l'objectif de la performance. C'est une prise de conscience et une responsabilité que je m'impose, mais qui permet de faire de la pédagogie. Le carbone économisé, c'est celui qu'on n'a pas consommé."

 

Vous parliez de ne pas détruire l'expérience, mais il n'y aura pas de nouveaux maillots. Est-ce que vous prévoyez quand même une opération marketing ? 

 

"Oui. Parallèlement, au mois de septembre, on va inaugurer une statue en bronze à l'effigie de notre regretté Michel Le Milinaire. Ça sera normalement le week-end du 26 septembre lors du match Laval - Montpellier. À cette occasion, on a décidé d'éditer un maillot collector*, en édition limitée. On est sûr de ne pas avoir de perte puisqu'il n'y aura que 300 exemplaires. Ça sera le maillot de l'épopée européenne qui sera dévoilée dans quelques jours. Il sera vendu au grand public."

 

*Selon nos confrères de L'Equipe, ce maillot collector pourrait être produit au Portugal. En 2022, le club avait déjà chargé l'équipementier Kappa de produire le maillot collector des 120 ans du club dans un rayon de 1 500 km.