Football. Nicolas Pottier : "Il y a eu trop d'immobilisme" sur le recrutement d'arbitres estime le Mayennais

Pour la 21ème édition des journées de l'arbitrage, Nicolas Pottier, mayennais et ancien arbitre international, est revenu sur la situation de l'homme en noir dans le football et les réflexions pour redonner goût au sifflet.

29 octobre 2022 à 10h48 - Modifié : 2 novembre 2022 à 7h31 par Alexis Vellayoudom

Image d'illustration lors d'un match du Stade lavallois

Crédit : Cyprien Legeay/Oxygène Radio

"Depuis 10 ans, le nombre d'arbitres baisse sur tous les sports collectifs dont le football", le constat de Nicolas Pottier est saisissant, mais le président du District de la Mayenne, nommé à 43 ans, coordinateur fédéral de l'arbitrage amateur veut aller de l'avant. À l'occasion de la 21ème édition des journées de l'arbitrage, en partenariat avec La Poste, le Mayennais a dressé le bilan, mais surtout les perspectives en Mayenne et au niveau national. Entretien avec l'ancien arbitre international. 


 


Nicolas Pottier, quel est le rôle de ces journées de l'arbitrage ? 


 


"L'idée, c'est d'accompagner les territoires pour les aider à recruter des arbitres. La fonction d'arbitre, ce n'est pas nouveau, c'est depuis très longtemps une mission délicate sur les terrains de football, sauf que depuis quelques années, régulièrement, le nombre d'arbitres a tendance à baisser sur tous les sports collectifs et le football n'est pas épargné. Donc l'idée, c'est de trouver des solutions pour palier à cette baisse d'effectif. Cette année, elles avaient une particularité. Elles sont relancées dans les territoires après une absence de 5 ans. Le partenaire La Poste a accepté de revenir dans les territoires. Vous avez un seul site par Ligue régionale qui a été évènementialisée. Dans la Ligue Pays de la Loire, c'était du côté de Nantes".


 


Par exemple, en Mayenne, cette baisse se caractérise comment pour les championnats amateurs ? 


 


"C'est simple, en 2017, on avait 287 arbitres. Aujourd'hui, en début de saison, vous aviez 115 arbitres donc on est à moins 60 % sur les 5 dernières années. C'est assez éloquent et marquant. Aujourd'hui, la deuxième division de district en Mayenne est à peine couverte. Ça veut dire que couvrez la première division de district. Suivant le classement de certains arbitres, vous avez quelques matchs de troisième division qui sont couverts et vu que la Ligue des Pays de la Loire* consomme un certain nombre d'arbitres de district dans les fonctions d'arbitre assistant sur les matchs de R2 et R3 et bien vous avez l'explication du fait que vous avez quasiment plus d'arbitre le week-end sur les compétitions seniors"


 


Ces arrêts sont dus à quelles raisons ? 


 


"Il y a plusieurs facteurs. Clairement, je pense que l'effet Covid a été assez marquant pour les arbitres. Après, on ne va pas se cacher, les phénomènes de violence sont certainement quelque chose de marquant. Et puis après localement, on avait un salarié dédié à l'arbitrage jusqu'en 2017 qui travaillait en proximité. Et cette proximité a disparu avec la fusion de la Ligue**. Et peut-être que le travail de proximité qui était fait avant, permettait au moins de maintenir les effectifs. Cette perte de proximité a certainement permis d'accentuer cette déperdition d'arbitre".  


 


Depuis peu de temps, vous êtes coordinateur fédéral de l'arbitrage amateur. Quel est votre rôle ? Est-ce que vous avez des objectifs ?


 


"L'idée, c'est de retrouver un nombre de 25 000 arbitres sur toute la France dans les deux ans donc fin de l'année 2024. Le rôle, c'est coordonner l'activité de l'arbitrage amateur en France. C'est une vaste mission puisque vous avez 90 districts. Le réseau de professionnels de l'arbitrage et conseillers techniques doivent nous permettre d'apporter une plus-value à l'ensemble des activités bénévoles parce que avant tout l'arbitrage est structuré par des bénévoles, mais l'apport de professionnels peut que permettre de performer dans cette structuration. Dans mes activités, il y a aussi le développement et la promotion de l'arbitrage amateur, je pense qu'on peut essayer d'innover et de proposer de nouvelles choses". 


 


Quand vous dîtes "nouvelles choses", vous faites référence à quoi par exemple ? 


 


"Déjà en Mayenne, on a décidé de recruter un conseiller en arbitrage dès le mois d'août. On a décidé de repartir sur un travail de proximité avec un professionnel dédié. Globalement, aujourd'hui, sur les trois premiers mois de l'année, on a déjà recruté autant d'arbitres que sur les deux dernières saisons cumulées comme quoi je pense que le travail en proximité porte ses fruits tout de suite. Au niveau national, j'ai l'exemple sur la fonction d'arbitre assistant de district qui a pu exister dans certains territoires et qui permettait à des gens qui voulaient venir à l'arbitrage, mais qui avaient peur de prendre le sifflet, de s'initier à l'arbitrage via cette fonction d'arbitre assistant et qui permettait éventuellement à ceux qui étaient plus rassurés de devenir arbitre. Aujourd'hui, cette formation n'est pas encore reconnue officiellement. Je souhaite qu'elle le soit le plus rapidement possible, car là, on a approximativement un vivier de 1 000 à 1 500 arbitres tout de suite. Et aujourd'hui, il paraît incompréhensible qu'on ne puisse pas essayer cette forme qui permettrait de combler ce manque d'effectif".


 


Je reviens sur un sujet que vous avez abordé, la violence sur les terrains. Qu'est-ce qu'il est possible de faire aujourd'hui pour protéger au mieux les arbitres ?


 


"Tout simplement en appliquant la loi et en demandant aux dirigeants qui sont en fonction d'être intransigeant. C'est-à-dire, ne pas hésiter à prendre des décisions qui sont radicales. L'an dernier, sur le district de la Mayenne, un club a été exclu. Je pense que si ça devient automatique, on résoudra un certain nombre de problèmes. Après, j'ai plutôt envie aussi de vous que la violence, c'est 0,x %. Ça représente très peu de chose et que bien trop souvent, on ne voit que les problèmes ou les phénomènes négatifs, mais on peut aussi parler de tous les bons côtés de l'arbitrage. Et c'est aussi ce que j'ai envie de mettre en place depuis la Fédération. Si vous habituez les gens à parler de choses négatives, effectivement les gens vont retenir que ça, sauf que vous les habituez à la chose inverse de parler que de choses positives et les bienfaits de l'arbitrage. La Poste a contribué à une enquête où il est démontré qu'à 97 % les recruteurs recrutent très facilement les gens qui ont été arbitre. Et bien, je pense qu'on a là, des sujets qui permettent de mettre en valeur la fonction plutôt que de rester sur les trois imbéciles qui nuisent à l'image du football et de l'arbitrage". 


Le week-end dernier, le district de la Mayenne a invité les joueurs à faire une haie d'honneur et applaudir les arbitres pour leur entrée sur les terrains.


 


* La Ligue des Pays de la Loire rassemble depuis 2017 les cinq districts qui correspondent aux cinq départements de la région


** Avant 2017, les clubs de la Ligue du Maine, qui rassemblait les districts de la Mayenne et de la Sarthe, n'évoluaient pas avec les clubs de la Ligue Atlantique qui était composée des districts de Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire et de la Vendée. Les formations d'éducateurs, d'arbitres, mais aussi les championnats étaient séparés.