Handicap et emploi : des duos pour casser les préjugés

C’est le Duo Day ce jeudi 17 novembre : des entreprises accueillent des personnes en situation de handicap, en binôme partout en France. Une action portée pendant la Semaine pour l’emploi des personnes en situation de handicap par des associations comme Cap Anjou Bleu pour déconstruire les préjugés sur le handicap et l’emploi.

17 novembre 2022 à 19h47 - Modifié : 17 novembre 2022 à 19h48 par Coralie Juret

Sylvie Laroche accueille Emma à l'EHPAD Sainte Claire de Noyant-la-Gravoyère.

Crédit : CJ

A 25 ans, Emma veut travailler en milieu ordinaire. Titulaire d’un CAP aide à la personne en milieu rural, elle travaille en cuisine au Relais de Misengrain, à Noyant la Gravoyère. Aujourd’hui elle enfile le costume d’animatrice à l’accueil de jour de l’EHPAD Sainte Claire. Son projet, « plus tard dès que je me sentirai capable, et les moniteurs aussi, c’est d’aller travailler avec les personnes âgées ».


Pour le groupe Univi qui reprend la maison de retraite noyantaise et le SSIAD de Combrée, c’est un projet de s’ouvrir à l’inclusion, et peut-être à terme d’employer Emma dans des métiers aujourd’hui en tension, explique la directrice de Sainte Claire Sylvie Laroche : « Emma a un profil d’autant plus intéressant, qui est riche pour nos établissements. Donc aujourd’hui c’est de conforter un projet pour elle, professionnel, de s’adapter à ce qu’elle souhaite, à son degré de fatigue... pour dans le long terme, envisager l’employabilité » dans des métiers aujourd’hui en tension.


 


Mettre en avant et monter en compétences


 


Cette année, dix travailleurs de l’ESAT ou de l’Entreprise adaptée âgés de 25 à 40 ans sont accueillis dans neuf collectivités ou entreprises de secteur variés. Thomas par exemple, s’essaie au maraîchage chez Misengraine. Le Duo Day n’est pas une découverte pour son hôte Olivier Binet qui a déjà accueilli un stagiaire en immersion pendant deux semaines l’année dernière. « Une expérience hyper positive : je l’ai vu monter en compétence, prendre confiance ». Ils ont d’ailleurs gardé le lien. « C’est enrichissant et gratifiant d’être acteur de ce genre de démarche ».


Même son de cloche chez Lidl qui accueille Quentin, employé aux espaces verts de l’ESAT : le discounter participe pour la 4e année à la Semaine pour l’emploi des personnes en situation de handicap, 17 personnes sont accueillies dans des magasins des Pays de la Loire, Bretagne et Normandie. La chaîne de supermarchés a signé en 2020 un accord sur le handicap et travaille avec ses managers pour le démystifier. « Les postes de travail sont aménagés et on ne parle pas de travail mais de compétences », avance Adrien Suhard, responsable qualité de vie au travail pour les trois régions.


 



Dix duos participent à cette journée dans le Segréen.


 


Déconstruire les préjugés sur le handicap et l’emploi


 


« L’un des objectifs fondamentaux de cette journée, c’est de déconstruire des préjugés qu’on peut avoir sur le handicap et l’emploi qui restent une barrière à toute forme de reconnaissance des compétences des personnes », rappelle Alain Chenin, chargé d’insertion pour l’association Cap Anjou Bleu qui gère l’ESAT et l’Entreprise adaptée de Noyant.


Et il faut parfois déminer le terrain auprès des employeurs pour permettre aux travailleurs de réaliser leur projet : « Effectivement le handicap pose des questions, le handicap fait peur. Je leur dit surtout de ne rien changer, de rester comme ils sont. Ce n’est pas parce que c’est une personne en situation de handicap qu’on va changer un fonctionnement qui est établi depuis longtemps. Après des confrontations, après des échanges, après une éducation à la relation, on s’aperçoit qu’on va laisser une chance à la personne. Et les choses se font d’elles-mêmes ».


Un accompagnement « primordial » pour le chargé d’insertion, qui regrette le manque de référents handicap dans les grosses entreprises. « La mise en place de parrainages est indispensable. On commence par un duo et en assurant un accompagnement, en proposant d’essayer, on a de belles perspectives ». En France, les journées Duo Day se soldent dans 17% des cas par des stages d’immersion, des contrats à durée déterminée ou indéterminée.


 



Deneliza Rodrigues est heureuse de son duo avec Baptiste à Antonia Couture


 

Titre :Témoignage - Deneliza et Baptiste en binôme pour un Duo Day en couture

Crédit :Coralie Juret

Le Sujet de la rédac du 16/11/22