Angers. À contrecœur, la CFDT réclame des armes à feu pour la police municipale
À rebrousse-poil de leur position traditionnelle, la CFDT Ville d'Angers ALM CCAS a demandé aux élus d'autoriser le port d'armes létales pour la police municipale "face à une situation dangereuse".
Publié : 20 mai 2025 à 21h07 - Modifié : 20 mai 2025 à 21h13 Alexis Vellayoudom
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Faut-il autoriser la police municipale d'Angers à porter des armes à feu ? Débat en cours entre les syndicats, les agents et la majorité municipale. La CFDT Ville d'Angers ALM CCAS demande à la mairie d'autoriser le port d'armes à feu en raison "d'une situation devenue de plus en plus dangereuse pour les agents". Une demande qui va à l'encontre du positionnement historique de la CFDT sur la question. Mais selon Emmanuel Ollivier, responsable syndical, le temps presse : "On reste par principe défavorable à l'armement létal des policiers municipaux, mais la situation l'exige. On peut rester sur des positions dogmatiques tranquillement dans notre fauteuil en disant "les armes, c'est pas bien", mais ça, c'est quand on n'est pas confronté à la réalité du terrain donc on a choisi de dépasser ça, sans enthousiasme. C'est la moins mauvaise des solutions pour protéger les Angevins et nos collègues".
Confronté à une violence accrue
Pour prendre cette décision, la CFDT s'appuie sur deux arguments. Tout d'abord le vécu. "On a des collègues qui sont en première ligne. Et qui se sont retrouvés dans deux occasions à être les premiers intervenants. C'était le cas, il y a presque trois ans à Coeur de Maine, trois morts par arme blanche. Quand vous êtes obligés de poursuivre un individu doté d'un couteau parce que la police nationale n'est pas là. Et l'été dernier avec un meurtre par arme à feu rue Parcheminerie. Si l'agresseur avait voulu vider son chargeur sur nos collègues ou des passants, ils se trouvaient sans moyen de se défendre ou de défendre les habitants. Quand ils interviennent dans leurs missions du quotidien, ils sont de plus en plus confrontés à des individus qui ont des armes, soit sur eux, soit dans leur voiture ou leur logement quand ce sont des interventions pour tapage nocturne, contrôle d'identité ou violence intrafamiliale", rappelle Emmanuel Ollivier.
L'autre argument, c'est le profil des policiers municipaux. Aujourd'hui, selon le syndicat, sur 70 agents, seulement huit n'ont jamais été en service avec une arme à feu. "Ça veut dire que 85 % des policiers municipaux sont, soit des anciens policiers nationaux, soit des anciens gendarmes, soit des anciens militaires. On a des effectifs qui ne sont pas déstabilisés, ni paniqués par le fait de porter une arme, et pratiquement jamais la sortir. C'est ça aussi l'objectif. On n'est pas pour une américanisation de la société où ça tourne au Far-west." Aujourd'hui, les policiers municipaux sont obligatoirement formés. Ces armes à feu viendraient donc s'ajouter à l'arsenal déjà utilisé comme les LBD, les tonfas ou les tasers. "Selon Monsieur Béchu, il arrive sur une année entière, qu'aucun taser ne soit utilisé. Et dans les cas exceptionnels, sortir le taser suffit à calmer la personne en face", justifie Emmanuel Ollivier. Pour la CFDT, ces armes à feu seraient à utiliser en cas de légitime de défense. "L'idée n'est pas qu'ils patrouillent pistolet au poing."
Étendre les pouvoirs de la police municipale ?
Avec la possibilité d'être équipé de ces nouvelles armes, la question devient légitime. C'était d'ailleurs l'un des débats la semaine dernière entre le président de la République Emmanuel Macron et Robert Ménard, maire extrême-droite à Béziers. Le chef de l'état souhaite une loi pour permettre aux policiers municipaux de réaliser des saisines, des flagrances ou des amendes forfaitaires, tout en étant sous l'autorité d'un procureur. Une évolution sur laquelle la CFDT Ville d'Angers - Angers Loire Métropole est partagée : "S'il devait y avoir une évolution des missions de la police municipale, il faudrait que ça se limite aux petites contraventions du quotidien où ils ne peuvent pas tout verbaliser actuellement. Mais la frontière qu'il ne faut pas franchir, c'est que la police municipale ne doit pas se substituer à la police nationale. Demain, on ne veut pas que nos policiers municipaux soient appelés pour lever un point de deal. Ça ne fait pas partie de leurs missions".
Pour le syndicat, le problème se trouve dans les effectifs de la police nationale, jugés insuffisants. "On souhaite que les missions de sécurité publique relèvent de l'État et qu'il prenne ses responsabilités en fournissant les effectifs de police nationale suffisants." Aujourd'hui, à Angers, deux équipes de nuit travaillent déjà avec la police nationale et le procureur de la République. De son côté, la Fédération nationale des policiers municipaux de France réclame la création d'un statut d'officier judiciaire de police municipale sous l'autorité du procureur. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau proposera un texte de loi d'ici la fin juin.
La CFDT réclame une salle de sport dans les nouveaux locaux
Comme la majorité des agents d'Angers Loire Métropole et d'Angers, les policiers municipaux déménageront prochainement dans leurs nouveaux au sein de l'ancienne Banque de France. Un déménagement nécessaire. Seul hic, il n'y aura pas de salle de sport dans les futurs locaux. Chose inenvisageable pour la CFDT. "Ils ont actuellement un dojo avec deux instructeurs pour le corps-à-corps, l'usage du bâton ou le menottage. Comment maîtriser un individu. C'est essentiel parce que cette salle de sport propose plus de 150 créneaux par an, spécifiques à la police municipale. Par exemple, plus vous maîtrisez vite, menottez vite quelqu'un de très agressif, moins il y a de chance que vous ayez à sortir votre armement", justifie Emmanuel Ollivier. Le syndicat demande donc le maintien d'une installation sportive. "Il n'est pas question de les envoyer dans une salle de sport municipale. C'est non négociable."
Tous ces sujets seront débattus en Conseil municipal à la fin du mois de juin.