Angers. "C'est ça le bon sens ?", les personnels de l'université protestent contre les suppressions de postes
Hier, des militants des syndicats de l'université d'Angers se sont rassemblée devant le bâtiment où se tenait le vote du Conseil d'administration sur le budget rectificatif. Face aux injonctions du gouvernement, il prévoit de réduire le déficit de l'UA tout en supprimant 20 CDD. Les syndicats sont dans l'incompréhension.
Publié : 13 juin 2025 à 15h27 - Modifié : 17 juin 2025 à 12h58 Alexis Vellayoudom
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L'heure est aux économies et l'Université d'Angers n'y échappe pas. Alors qu'au début de l'année, le Conseil d'administration avait validé un budget initial avec un déficit de 9,7 millions d'euros, les élus du CA ont dû revoir leur copie, en raison des injonctions de l'État et du rectorat pour un rapprochement à l'équilibre financier. Hier, ils ont voté un budget rectificatif pour baisser le déficit à 6 millions d'euros. Ce qui va entraîner la suppression de 20 CDD au sein de l'université. Une décision que les syndicats ne comprennent pas alors que l'université d'Angers est déjà sous-dotée, mais continue d'augmenter ses effectifs.
L'université d'Angers la moins bien dotée de France
"L'activité de l'université d'Angers progresse. On a 700 étudiants de plus par rapport à l'année dernière, mais le gouvernement et le rectorat nous accompagnent pas dans cette croissance. Plus 700 étudiants, ça aurait du conduire normalement au recrutement de 70 emplois. Le bilan, c'est moins 20. C'est ça le bon sens de la rectrice ?", s'interroge Hervé Christofol, militant syndical de la SNESUP-FSU et enseignant chercheur à l'Université d'Angers. Mais financièrement, le budget n'est plus viable, certes les effectifs augmentent, mais les dotations ne suivent pas. Le gouvernement serre la ceinture au milieu universitaire. En parallèle, les cotisations retraites imposées à toutes les universités ont augmenté. Elles sont de 2,3 millions d'euros pour l'UA. C'est le personnel qui paye les pots cassés. "C'est intolérable. D'abord parce que ce sont des personnes et pour certaines avec des enfants en bas âge. La présidence nous dit, ce sont des CDD, mais certains sont sur des missions pérennes. Il va y avoir une intensification du travail pour ceux qui restent. Ça va être encore des heures supplémentaires", s'agace le syndicaliste.
"On est très mécontent parce que le travail, il est fait. L'université d'Angers, elle est attractive et dispense des formations de haute qualité, avec des recherches d'un niveau international. On se sent abandonné par le Ministère et le rectorat." Un sentiment déjà bien ancré au sein de l'établissement. L'université d'Angers est l'une université avec une filière santé la moins dotée de France. En 2024, 5 377 € par étudiant à Angers, contre 7 518 € à Nantes et 6 484 € à Rouen. Le militant parle d'une stigmatisation de l'UA : "Il y a une sous-dotation historique de toutes les universités créées après 68. Mais une autre hypothèse, c'est de dire qu'on ne veut pas qu'on fasse d'ombre à une université du territoire". L'incompréhension porte aussi autour de l'avenir des futurs étudiants. Selon le syndicat, le Maine-et-Loire est l'un des départements où la poursuite d'étude pour les bacheliers est l'une des plus faibles de France. "On a vocation à accroître une poursuite d'étude, mais avec ces décisions, ce n'est pas une tendance qui va s'arrêter. D'autant qu'on devrait avoir encore des étudiants à arriver, le baby-boom s'est terminé en 2010. Plus 18 ans, ça fait 2028 donc on n'est pas encore près de baisser."
Les actions sociales et culturelles impactées ?
Sur la vingtaine de CDD non-renouvelée, dix sont des enseignants et enseignants-chercheurs, les autres viennent du personnel administratif. C'est le cas de la collègue d'Olivier au bureau qui gère la vie au campus. "On va devoir réduire notre activité au profit du personnel de l'Université d'Angers. On mettait en place certaines actions sociales collectives, des bons plans chez des partenaires locaux et des événements pour faire communauté", explique Olivier. Même s'il comprend les raisons de l'établissement, il regrette le manque de soutien de l'État : "Ce qui est assez difficile à avaler, c'est qu'en parallèle notre tutelle nous donne aussi des injonctions, des consignes sur le service qu'on doit rendre aux usagers et c'est un peu antinomique par rapport aux moyens qu'on nous donne. Et là, ça commence à devenir compliqué".
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Plus loin dans la foule, les agents du service culturel de l'université ne comprennent pas cette décision. Après la non-reconduction d'un CDD, ce sont deux autres contrats à durée déterminée qui ne seront pas conservés à partir de janvier 2026. "On aura moins de personnes pour réaliser des projets d'action culturelle, faire fonctionner la salle de spectacle. Il y aura moins de spectacles. Ça veut dire qu'on va devoir se réadapter. "L'idée, ça ne va pas être de compenser le travail de la personne qu'on perd, mais de réduire l'activité. Il est hors de question que ceux qui restent payent le prix d'une réduction d'effectif", s'agace Chloé Langeard, directrice du service et maître de conférence en Sociologie. Un nouveau coup dur pour la culture après celui porté par le Conseil régional des Pays de la Loire. "Nous, service culturel, qui plus est à l'université, ça devient compliqué."
Lors de l'Assemblée générale, les syndicats et sympathisants ont validé la tenue d'une nouvelle AG pour la semaine prochaine. Ils menacent toujours de lancer un appel aux boycotts des jurys du bac et des diplômes des facultés privées. Quant à la perspective de 2026, elle ne laisse augurer rien de bon avec une réduction du budget de l'État de 40 milliards d'euros. "Je crains que ces suppressions d'emplois à l'université ne se poursuivent les années suivantes, mais aussi avec une augmentation des frais d'inscription. Et là, les étudiants seraient en première ligne", glissent Hervé Christofol.