Angers. « Ça m’écœure, on n'est pas considérés », les salariés des crèches manifestent pour une meilleure rémunération
140 agents des crèches municipales ont manifesté jeudi devant la mairie d’Angers pour revendiquer le versement du bonus attractivité. Face au maintien du refus de la Ville d’accorder cette prime, les professionnelles ont poursuivi leur mouvement de grève ce vendredi.
Publié : 23 mai 2025 à 18h38 - Modifié : 23 mai 2025 à 19h05 Elisa Ory
/medias/ZXr66LkaBv/image/image01748017618987.jpeg)
« On a les couches, à vous de lâcher les sous ! » pouvait-on lire sur les pancartes brandies fièrement. Ce jeudi 22 mai, elles étaient nombreuses à s’être rassemblées, dans une ambiance festive, devant la mairie d’Angers pour protester contre le refus de la Ville de verser le bonus attractivité. Cette prime mensuelle de 100 euros, mise en place en 2024 pour soutenir les métiers en tension, n’a pas été accordée aux professionnelles de la petite enfance par la collectivité.
Financé à 66% par la Caisse d’allocations familiales, le reste à charge du bonus est de 34% pour les villes. A Angers, la mairie a décidé de ne pas appliquer cette prime. « Malheureusement, on reste sur la libre administration des collectivités. Il n’y a aucune obligation de la mettre en place », déplore Xavier Redon, représentant Force ouvrière.
Des salaires jugés insuffisants
Parmi les arguments avancés par la mairie, « ils ont estimé que les salaires étaient suffisamment hauts pour les personnels, explique Xavier Redon. La CAF finance ce bonus jusqu’en 2027. La mairie mettait en avant l’incertitude qu’elle soit reconduite ensuite », continue-t-il.
Des arguments non recevables pour les manifestants. Myriam est auxiliaire de puériculture depuis 33 ans : « le coût de la vie augmente pour tout le monde, cette prime, on en a besoin. Cela nous permettrait d’avoir un pouvoir d’achat plus élevé ».
Pour elle, le refus de ce bonus traduit un manque de reconnaissance de la Ville envers leur métier. « Moi ça m’écœure, je me dis qu’ils ne nous considèrent pas, regrette Myriam. Les difficultés, je les vis au quotidien. Les douleurs physiques sont bien là, et elles sont à vie ».
La nécessité d'une meilleure prise en compte de leur conditions de travail
Un avis partagé par sa collègue Sophie, qui travaille dans une crèche d’Angers depuis 4 ans. « Notre métier est difficile au quotidien, il est épuisant psychologiquement et physiquement, explique-t-elle. On voudrait plus de reconnaissance. Porter des enfants à longueur de journée, quand on a plus de 50 ans, c’est fatiguant. »
Des conditions de travail que la mairie a tenté d’améliorer selon Xavier Redon « Il y a eu un travail commun avec la collectivité, sur une réorganisation pour améliorer les conditions de travail. Cela a permis d’apaiser les agents sur certaines contraintes, mais il y a encore beaucoup à faire sur la fatigabilité de ce métier », souligne le représentant syndical.
/medias/ZXr66LkaBv/image/image11748017792519.jpeg)
Le constat est similaire pour Valérie : « on ne se sent pas soutenues, ni entendues. On aimerait beaucoup que Monsieur Béchu vienne à notre rencontre dans nos crèches, qu’il voie notre quotidien ».
« C’est la première fois que je manifeste, continue l’auxiliaire de puériculture. Je trouvais cela important d’être présente. Cette prime de 100 euros, c’est un plus. On serait encore plus motivés qu’on ne l’est déjà », s’exclame-t-elle.
Une prime importante aussi, pour attirer de nouveaux personnels. « Le problème, c’est un manque d’effectif et un taux d’absentéisme important, explique Sophie. On est souvent en sous-effectif, face à un taux de remplissage d’enfants qui, lui, est en permanence complet ».
Un refus renouvelé de la mairie
Ce mouvement de grève n’intervient pas seul, puisqu’une pétition avait été signée par 177 agents de la Ville, sur les 220 concernés. « On a reçu qu’un courrier froid. Pour l’instant, c’est fermé de leur côté », ajoute Xavier Redon.
Après la manifestation de jeudi, le maire d’Angers, Christophe Béchu, refuse toujours le bonus attractivité, mettant en avant les efforts financiers de la Ville en faveur de la petite enfance. Ce vendredi, les agents de crèches se sont mobilisés de nouveau devant la mairie, avant de déambuler jusqu’à la place du Ralliement, toujours en musique.