Angers. La galerie contemporaine de la cathédrale Saint-Maurice se dessine en local

C'est le gros des travaux de rénovation de la cathédrale Saint-Maurice à Angers. Pour protéger le portail d'entrée du 12e siècle et ses sculptures polychromes du 13e siècle, les experts de la Direction des affaires cultures et les élus avaient acté en 2019 la construction d'une galerie contemporaine adossée à l'entrée. Deux ans après, c'est le cabinet d'architecte international Kuma & Associés qui fut choisi. Trois années plus tard, l'architecte, venu spécialement, artisans et agents de la Drac ont dévoilé le prototype de cette galerie contemporaine qui épousera la façade de la cathédrale à partir du printemps prochain.

Marier le contemporain à l'ancien, un défi

L'édifice de 12 mètres de haut sur 21 mètres de longueur sera composé d'épais murs de 7 mètres. C'est l'entreprise Jousselin Préfabrication à Chazé-Henry, dans le Nord de l'Anjou, qui a travaillé sur ce prototype. Pour cela, les artisans ont réalisé plusieurs pièces, des pré-murs, vides à l'intérieur, en béton poli. "On arrive sur des murs très importants en largueur avec un traitement de surface technique à réaliser qui vient raboter sur 3 mm la surface du béton de façon à faire apparaître les agrégats. Et une fois que c'est fait, on vient réassembler plusieurs épines ensemble que vous pouvez voir sur le prototype, en recoulant du béton pour les liaisonner de façon à ce qu'ils aient moins de pièces sur le chantier", décrit Romain Guillerm, président de l'entreprise.

Au total, 698 pièces seront réalisées pour finalement n'en livrer que 134. La pose est laissée à l'entreprise de gros oeuvres Albisati qui érigeront ces voûtes devant le portail, sur la façade, du sol à la grande verrière, dans un style très contemporain. "C'est un événement exceptionnel que de construire sur une cathédrale ancienne en pierre, quelque chose de totalement contemporain en béton. Mais ça se fond dans l'architecture de la cathédrale, ainsi que dans l'environnement de la ville", précise Valérie Gaudard, conservatrice régionale des monuments historiques à la Drac. 

Revaloriser la façade

En visite exceptionnelle, l'architecte japonais Kengo Kuma est fier du travail réalisé. "Je suis très satisfait de la qualité du prototype, des textures, des couleurs et de la finition." Il mesure aussi l'importance de l'édifice : "ce qui est important, c'est de trouver une harmonie entre le passé et le futur. C'est important de protéger les oeuvres, mais aussi de les ouvrir au public, car elles ont été cachées pendant plusieurs années". En effet, une première galerie médiévale avait été érigée avant de disparaître au XIXe siècle, laissant ces sculptures à la merci de la pluie et du vent, ce qui avait nécessité une restauration en 2018. 

Une fierté aussi pour l'entreprise Jousselin Préfabrication d'avoir contribué à un chantier local important avec un architecte de renommée internationale. "On a tous été content de travailler sur le projet. D'autant plus que ce chantier a mobilisé tous nos ateliers. C'est un projet local pour nous et en plus, c'est un ouvrage qu'est destiné à s'inscrire dans le temps, qui va aller au-delà des 100 années de durée de vie classique d'un bâtiment", confie Romain Guillerm.

Le début des travaux est prévu pour la fin du mois d'avril avec la pose des pieux et des longrines, ces voiles de béton. Les artisans procéderont ensuite au montage et à l'installation des luminaires sur les plafonds qui viendront épouser les voûtes. Le pavement devrait lui interdire courant l'automne pour une livraison de la cathédrale en décembre 2025. Dans le même temps, la couverture de la Nef, qui a pris du retard à cause de la livraison des ardoises, devrait être terminée. En revanche, l'orgue de tribune vient d'être livré. Le projet final aura coûté 2,5 millions d'euros, entièrement financés par l'Etat.