En Maine-et-Loire. Pour réduire les risques d'accidents, les autorités ciblent la santé des plus de 65 ans

Au Plessis-Macé, 120 personnes de plus de 65 ans ont participé à cette 4e édition de "Rajeunissez votre permis" avec un volet important sur la santé de ce public à risque sur la route.

Publié : 17 juin 2025 à 18h21 - Modifié : 17 juin 2025 à 18h26 Alexis Vellayoudom

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Christine et Bernard sont venus tester leurs réflexes

Crédit : Alexis Vellayoudom

Si vous êtes âgés, êtes-vous encore en capacité de conduire votre voiture ? Au début du mois de juin, 120 personnes de plus de 65 ans se sont réunies au Plessis-Macé pour la 4e opération de la Sécurité routière "Rajeunissez votre permis". Objectif, sensibiliser ce public à risque sur les dangers, alors qu'en Maine-et-Loire, les plus de 64 ans faisaient partie de la majorité des 41 tués en 2024 et en Mayenne, ils représentaient près de 41 % des personnes tuées sur les routes. Le temps d'une journée, ces personnes ont pu participer à une dizaine d'ateliers encadrés par la gendarmerie et la Sécurité routière, mais aussi faire le point sur leurs réflexes et leur santé avec infirmière et pharmacienne.

L'importance du dispositif

Crédit : Alexis Vellayoudom

Baisse de la vue et de l'audition, des facteurs de risques

Tous ont fait une démarche volontaire sous la proposition des caisses locales de Groupama, partenaire de l'événement. "En trois jours, on avait plus de place", souligne Jean-Marie Asselin, adjoint à la coordination de la Sécurité routière. Après une matinée studieuse avec un questionnaire sur le code la route, ils ont passé l'après-midi à passer d'atelier en atelier. À l'entrée, par exemple, plusieurs d'entre eux partent en conduire accompagnée avec une monitrice d'auto-école. "Ils sont demandeurs parce que dans un premier temps ils ont besoin de rafraîchir leur connaissance au niveau du code de la route, notamment sur les nouveaux panneaux, et aussi parce qu'ils s'aperçoivent que leurs conditions physiques peuvent leur apporter des désagréments dans la conduite." Parmi les autres ateliers, ces seniors pouvaient tester les chocs, se confronter au temps réaction avec un réactiomètre ou encore assister à une sensibilisation sur l'alcool.

Reportage lors de la journée "Rajeunissez-votre permis"

Crédit : Alexis Vellayoudom

Sur place, les participants peuvent aussi faire le point sur leur état de santé pour savoir s'ils sont toujours en état de conduire. Dans un couloir, une dizaine attend pour s'entretenir avec une infirmière et passer le test de la vue. C'est au tour de Bernard et Catherine. L'un après l'autre, ils enchaînent les tests : lecture de lettre, des chiffres et test du daltonisme. "On va faire la ligne en dessous. Est-ce que vous pouvez me donner la ligne six ?", demande Isabelle, infirmière. "X, N , F, T, R... Ouille, je vois rien du tout", réponse l'épouse. Le couple ressort ensuite avec sa note. "Vous avez 12-10, c'est parfait pour conduire ! Les gens qui ont 8, c'est un peu limite et à partir de 6, il faut prendre rendez-vous chez l'ophtalmologue. C'est limite pour conduire", indique l'infirmière.

La prise de médicaments peut constituer un danger

Des tests auditifs sont aussi proposés. Catherine et Bernard ont décidé de participer à cette journée pour se remettre à niveau et voir s'ils n'avaient pas d'examens à faire. Le mari se rend compte qu'avec l'âge, son temps de réaction est plus long : "Ça m'arrive de me faire la remarque sur un rond-point. Un temps de réaction qui passe à une seconde. Au-delà de la seconde, ça cartonne sur un événement imprévu." La faute aussi, selon lui, à une gadgétisation de la voiture. "Entre le GPS, les radars, j'ai même la ventilation sur écran. Vous ne pouvez pas manipuler sans regarder. Sur le plan sécuritaire, je comprends même pas qu'on ait pu mettre en place ce type d'équipements."

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Nadine Besson, pharmacienne à La Membrolle-sur-Longuenée

Crédit : Alexis Vellayoudom

Autre point vigilance particulièrement pointé du doigt par les autorités, la prise de médicaments avant de conduire, surtout pour un public âgé. Selon la Sécurité routière, ils sont responsables de 2 % des accidents mortels. Nadine Besson, pharmacienne à la Membrolle-sur-Longuenée, a fait le déplacement. Son combat : la prévention des patients lors des délivrances de médicaments. "Il ne faut pas hésiter à retourner la boîte et montrer le pictogramme avec la voiture, niveau 1, 2 et 3. Ce sont des médicaments qui peuvent être dangereux, baisser leur vigilance et surtout associer à d'autres médicaments ou l'alcool, ils peuvent aggraver ça."

Faut-il repasser son permis de conduire à 65 ans ?

La question a fait l'objet de nombreux débats au sein de la société. Jamais tranchée, elle laisse toujours planer le doute d'une future législation. D'autant que la tranche d'âge reste très représentée dans les accidents. Jean-Marie Asselin n'est pas pour : "Malheureusement, peut-être que ça mettrait des gens sur le côté et c'est pas le but recherché. La voiture ça reste un lien social surtout en ruralité. Si on coupe ce lien social, on coupe le plaisir de vivre". Le fonctionnaire milite plutôt pour un apprentissage en continu. "Je dirai qu'il faut être plutôt dans l'esprit du continuum éducatif. Maintenir ce qu'on a appris et puis l'actualiser. C'est renouveler des stages de sensibilisation. Rien n'empêche aussi les gens d'aller volontairement auprès d'une auto-école pour reprendre des apprentissages nouveaux."

Faut-il repasser son permis à 65 ans ?

Crédit : Alexis Vellayoudom

Alors quand on n'est plus en capacité de conduire, encore faut-il s'en rendre compte. C'est la principale difficulté d'après la Sécurité routière : "J'ai eu une dame sur une autre journée, suite à l'audit, elle s'est aperçue qu'elle n'avait plus les capacités pour conduire. C'est bien quand ça vient de la personne elle-même, surtout pour la famille qui, parfois, se rend bien compte que leur grand-parent ou parents ne sont plus en capacité de conduire, mais c'est très délicat d'aller leur annoncer ça." Jean-Marie Asselin appelle chacun à prendre ses responsabilités. Tout au long de l'année, la gendarmerie va mener des opérations de sensibilisation.