Maine et LoireMayenne

Laval. Soignants, médecins et patients de la Mayenne et d'ailleurs rassemblés pour défendre l'hôpital public

Ce matin, plus de 700 personnes se sont mobilisées pour protester contre le "plan de performance" décidé par l'Agence régionale de la Santé, qui prévoit des économies et la suppression de postes. Ils ont perturbé leur Conseil de surveillance. L'ARS a finalement gelé ces suppressions de postes.

Publié : 27 juin 2025 à 15h56 - Modifié : 27 juin 2025 à 16h04 Alexis Vellayoudom et Marie Chevillard

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Soignants et patients étaient 700 mobilisés devant l'hôpital de Laval ce vendredi matin.
Crédit : Marie Chevillard

Des tentes, des tables et des chaises devant l’hôpital de Laval. Ils sont entre 700 et 800 ce vendredi 27 juin, selon les syndicats, à défendre l’hôpital public. Depuis hier soir, des médecins, soignants et patients mayennais, mais aussi venus du Maine-et-Loire et d'ailleurs dans la région, sont mobilisés contre le "plan de performance" décidé par l'Agence régionale de Santé (ARS). Pour combler un déficit de 13 millions d’euros, il prévoit notamment la suppression de 57 postes d’ici la fin de l’année, et une soixantaine l’an prochain. Sur place, les professionnels de santé ont décidé de perturber le Conseil de surveillance qui s'est tenu à 9h ce matin. 

 

"Ce qui est valable à Laval arrive aussi ailleurs"

 

Ils ont ensuite rejoint les rangs des autres manifestants devant l'entrée de l'hôpital, qui n'ont pas été aussi nombreux depuis bien longtemps, selon les personnes que nous avons interrogées. Le Dr Jean-Philippe Csajaghy, représentant du Syndicat national des médecins hospitaliers-Force Ouvrière pour les Pays de la Loire, n'a pas hésité à faire une heure et demi de route pour soutenir la mobilisation. Et dénoncer une volonté politique d'affaiblissement des services publics. "S'il y a déficit, c'est parce que le ministère de tutelle n'approvisionne pas correctement les besoins de l'hôpital public, estime l'ex-urgentiste. C'est valable ici à Laval, mais aussi dans beaucoup d'hôpitaux : on peut parler de Royan, Digne-les-Bains, Grenoble... On fait des fermetures de lits et de postes, alors que la population a des besoins de plus en plus importants."

Avec la réponse de politiques complètement "déconnectés", selon lui. "On a appris par Madame Vautrin qu'il y avait encore 1,5 milliards d'économies qui vont être faites sur le dos de la santé... ce qui représente approximativement le fonctionnement d'un CHU sur l'année. Vraiment, on ne comprend plus !"

 

De 10... à 35 patients à s'occuper

 

Les syndicats mayennais ont pris la parole symboliquement du bureau du directeur de l’hôpital lavallois, Sébastien Tréguenard. Devant l'assemblée présente, ils ont regretté l’absence de Jérôme Jumel, le directeur de l’ARS. Une situation qui provoque la colère mais aussi la lassitude de Marine, assistante médico-administrative ici depuis 19 ans. "Au début, j'avais une unité pour dix patients : j'étais à temps plein, c'était confortable. Aujourd'hui, je m'occupe de 35 patients, et je suis toujours toute seule, malgré mes demandes pour avoir un(e) autre collègue. Je fais dix heures d'heures supplémentaires par mois, et c'est normal, c'est acté... Donc j'ai décidé de faire une reconversion professionnelle, je pars de l'hôpital en octobre."

Même son de cloche pour cette soignante en psychiatrie, qui voit arriver avec inquiétude les postes en moins dans son service, et pour l'hôpital tout entier. "C'est extrêment compliqué déjà aujourd'hui : il y a une importante pénurie médicale, et dans de telles conditions, les médecins ne restent plus, parce qu'ils préservent leur santé. Ce n'est donc pas attractif pour les suivants. Sans médecin, sans soignant, les services ne peuvent pas se maintenir." Et de rappeler la baisse drastique du nombre de lits en psychiatrie, passé de 88 à 42 en quelques années, avec la menace d'en fermer d'autres, même si l'unité de psychiatrie adulte menacée ne fermera finalement pas cet été.

 

Des suppressions de postes finalement gelées

 

Malgré l'annonce faite mercredi par le ministre de la Santé Yannick Neuder d'une enveloppe de 10 millions d'euros pour combler une partie du déficit de l'hôpital, les syndicats ont décidé de maintenir la mobilisation. Pour les soignants présents ce matin, ça ne change finalement pas grand chose. "L'argent promis pour les travaux, on n'en a pas encore vu la couleur a priori, répond Marine, un peu dépitée. De toute façon, ça continue de se creuser, alors une aide de 10 millions d'euros pour un déficit à 15 millions d'euros, ça ne va rien changer." D'autant que le Ministre a réaffirmé son soutien au plan d'économie de l'ARS. Il doit se déplacer en Mayenne durant le mois de juillet pour évoquer l'investissement immobilier, le projet médical et la réorganisation territoriale des urgences. Les syndicats ont prévu d'aller à sa rencontre. 

Avant cela, l'intersyndicale FO-CGT s'est félicitée d'un recul, avec le gel par l'ARS de la cinquantaine de suppressions de poste prévues et "32 mises en stages annulées qui vont être rediscutées". Le directeur général de l’ARS Jérôme Jumel devrait venir le mercredi 2 juillet sur place, à la rencontre des syndicats. Eux assurent continuer leur mobilisation, avec un rendez-vous musical ce lundi 30 juin à 18h, devant l’hôpital lavallois, avec des chorales et fanfares mayennaises. Sans oublier une mobilisation régionale le 16 septembre à l’ARS de Nantes.