Lois sur la fin de vie. Des députés partagés en Anjou, "un texte imprécis" pour François Gernigon (Horizon)
Ce mardi soir, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture les deux lois sur la fin de vie pour le renforcement des soins palliatifs et sur l'aide à mourir. En Mayenne, les députés ont voté pour, mais le texte partage en Maine-et-Loire. Le député François Gernigon (Horizon) a voté contre. Il s'en explique.
Publié : 28 mai 2025 à 13h03 - Modifié : 28 mai 2025 à 13h06 Alexis Vellayoudom
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"Je pense à tous les malades et leurs proches que j'ai rencontrés depuis plus d'une décennie. Beaucoup ne sont plus là. Ils m'ont toujours dit "Battez-vous"". L'émotion d'Olivier Falorni (PS), rapporteur général de la proposition de loi sur l'aide à mourir après que l'Assemblée nationale ait approuvé les textes sur le développement des soins palliatifs et la création d'un droit à l'aide à mourir en première lecture. Ce dernier texte, au cœur des débats, a été validé par une large majorité 305 voix pour et 199 contre. Qu'ont voté les députés en Mayenne et en Anjou et pourquoi ?
Une loi imprécise pour certains
En Maine-et-Loire, le débat est partagé. Hier, sur les sept députés, trois ont voté pour cette proposition de loi. Il s'agit de Nicole Dubré-Chirat (Renaissance), Denis Masséglia (Renaissance) et Stella Dupont (non-inscrit). Cette dernière, dans un communiqué, explique : "l’aide à mourir, telle que définie dans le texte voté, ne relève ni de l’acharnement thérapeutique, ni d’une approche irresponsable où la décision de mettre fin à la vie serait prise à la légère". Elle rappelle que "des critères stricts encadrant ce nouveau droit ont été adoptés : majorité de la personne, le fait qu’elle soit atteinte d’une affection grave et incurable en phase avancée irréversible ou terminale, que ses souffrances soient réfractaires aux traitements, et qu’elle ait la capacité de manifester sa volonté de façon libre et éclairée". Le texte prévoit aussi une collégialité de la décision. "Il me semble essentiel qu’aucun soignant ne se trouve seul face à une telle demande d’un patient."
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Philippe Bolo (MoDem) s'est abstenu. En face, Anne-Laure Blin (LR), Laëtitia Saint-Paul (Renaissance) et François Gernigon (Horizon) ont voté contre. Pour ce dernier, le député de la 1ère circonscription explique dans un communiqué être sur le principe, "favorable", mais il estime que le texte est imprécis avec des critères flous. "Or, parler d’un pronostic vital engagé en “phase avancée”, d’un “processus irréversible”, ne suffisent pas à définir la temporalité de la fin de vie. Il faut de la précision, de la rigueur." L'Angevin regrette aussi que la loi ne prévoie pas, "une véritable décision médicale collégiale [...] aujourd’hui, un seul médecin peut autoriser l’aide à mourir, avec une simple consultation d’un collège pluridisciplinaire. J’avais défendu l’idée d’une décision prise à trois médecins, comme pour une ALD ou une IMG. C’était une garantie indispensable, notamment pour nos soignants". Pour lui, l’aide à mourir doit être réservée à des cas exceptionnels, "des maladies graves, incurables, provoquant des souffrances physiques insupportables, pour lesquelles plus aucun soin ne peut soulager la douleur".
En Mayenne, unanimité autour de la loi
"La liberté de chacun est au cœur de cette loi, une loi de responsabilité, d'écoute et d'humilité", a écrit le député Guillaume Garot (PS). Comme ses deux confrères, Géraldine Bannier (MoDem) et Yannick Favennec (Liot) il a voté pour cette proposition de loi. "Il ne s’agit pas de choisir entre souffrir ou mourir. Mais de garantir à chacun la dignité et la liberté de vivre et de mourir selon ses valeurs, dans l’accompagnement et le respect", justifie de son côté le député du Nord-Mayenne.
Mon explication de vote, ci dessous, sur les deux propositions de loi : « accompagnement et soins palliatifs » et « droit à l’aide à mourir». pic.twitter.com/xj3gApnyFl
— Yannick FAVENNEC (@yfavennec) May 27, 2025
Face à l'opposition, le Socialiste répond : "Les débats ont utilement permis d’identifier les risques de dérives pour mieux les écarter, par un encadrement rigoureux. L’aide à mourir ne pourra être mise en œuvre que si la personne réitère sa volonté à 3 reprises, à 3 moments différents". "Le texte prévoit des conditions strictes, des garanties éthiques solides, et une procédure collégiale pour éviter toute dérive", rappelle Yannick Favennec. Alors les soutiens de cette proposition de loi se réjouissent, mais il faut encore que le texte puisse être débattu au Sénat ce qui pourrait prendre du temps dans une chambre dominée par la droite et donc peu favorable à ce texte.