Maine et Loire

Maine-et-Loire. Matériauthèque, recyclage, commande publique durable, une grande réflexion sur les déchets du BTP

Le 15 octobre, plusieurs acteurs du BTP, sous l'impulsion de l'ADECC, se sont réunis pour échanger des solutions sur le recyclage des déchets de ce secteur. Un plan d'actions est prévu l'année prochaine.

Publié : 29 octobre 2025 à 11h38 - Modifié : 29 octobre 2025 à 12h49 Marie Chevillard et Alexis Vellayoudom

Réunion BTP Brissac_15 10 25_MC
Une vingtaine de personnes a travaillé sous forme d'ateliers
Crédit : Marie Chevillard

Que faire des déchets du BTP ? Si une bonne partie n'est pas recyclable et souvent destinée à l'enfouissement et l'incinération, une autre peut encore servir. C'était l'objet d'une réunion organisée le 15 octobre à Brissac-Quincé. Objectif : discuter économie circulaire dans ce secteur avec des entreprises du bassin, mais aussi des collectivités, afin de réduire l'impact environnemental. Selon l'ADECC, une association créée en 2017 à l'initiative de chefs d'entreprises et qui organise cette réunion, le secteur du bâtiment et des travaux publics génererait, à lui seul, près de 70 % des tonnages de déchets en France.

 

Des projets qui existent... 

 

Dans les Mauges, à Saint-Pierre-Montlimart, l'entreprise Siléo est engagée dans cette démarche. Depuis 2023, elle a réemployé plus de 1 000 tonnes de matériaux et mobiliers de bureau. À l'origine de cette réussite, une matériauthèque, un bâtiment de 1500 m² où sont stockés du bois en bon état, des tissus, des armoires de bureau ou des fenêtres, accessibles aux particuliers et aux entreprises, sans matière dangereuse.

Le magasin est organisé en plusieurs parties : le gros œuvre, le second œuvre, les sanitaires, le luminaire, le chauffage, les parements. "On a une partie des gisements qui nous arrivent des particuliers. Si tous les habitants qui ont un parpaing chez eux, qui ne sert plus à rien, nous le ramènent, nous, on a une palette pour servir dans la construction. Mais 80 % de nos apports, ce sont des professionnels et des entreprises", raconte Guillaume Fleury, directeur de Siléo. 

 

Une matériauthèque pour réutiliser les déchets du BTP
Crédit : Marie Chevillard

 

Une partie des matériaux récupérés sont aussi fléchés vers Les Grands bois, une structure spécialisée dans l'agencement circulaire en réemploi. "Les produits qu'on récupère, eux, vont les retravailler pour pouvoir les repositionner dans des projets d'agencement, précise Guillaume Fleury. Aujourd'hui, c'est assez complexe de remettre des normes de structure sur des matériaux qui vont avoir besoin d'une référence environnementale ou structurelle. En travaillant sur l'agencement, on va seulement décaler des matériaux qui avaient un fonctionnement de structure, car l'agencement n'a pas les mêmes normes. L'exemple, c'est les dalles de plafond qu'on a au-dessus pour pouvoir servir d'isolant acoustique dans des cloisons de bureau. À partir de matériaux, on va essayer de retrouver un nouvel usage qui peut avoir un intérêt, et qui répond aux enjeux de normes et de certification". Dans les prochaines années, la matériauthèque s'attend à voir augmenter le volume de matériaux de réemploi.

 

... et d'autres à créer

 

Parmi les participants, on retrouve aussi des collectivités comme la Communauté de communes Loire Layon Aubance, Angers Loire Métropole ou encore Anjou Loir et Sarthe. Cette dernière, d'ici 2027, prévoit un plan d'action pour favoriser l'éco-conception des ouvrages avec des matériaux recyclés, la production de matériaux de construction issus du recyclage et réduire la quantité de déchets envoyés à l'enfouissement et l'incinération.

 

L'éco-conception sur le territoire angevin
Crédit : Marie Chevillard

 

Un enjeu important pour Sophie Huard, chargée de mission Économie circulaire à Loire Layon Aubance : "Il y a plusieurs acteurs sur notre territoire qui sont déjà engagés sur des questions d'économie circulaire, certains qui travaillent effectivement sur le réemploi de matériaux, sur du recyclage. Je pense par exemple à TPPL, je pense aussi à une entreprise qui s'appelle ERB qui elle travaille aussi sur des questions de modèles économiques. Mais l'idée, c'était aussi de mettre tout le monde autour de la table". L'idée est d'aussi de favoriser le travail des collectivités. "Il y a aussi un enjeu d'améliorer nos pratiques, d'avoir une démarche exemplaire dans les cahiers des charges de commandes publiques et permettre des pratiques de commande publique durable."

 

Quid des déchets non-recyclables ? 

 

C'est une question majeure, dont le débat a été rouvert en Anjou il y a quelques mois par Néolithe. L'entreprise, basée à Beaulieu-sur-Layon, avait dû arrêter une partie de sa transformation des déchets non-recyclables en granulats, solution alternative à l'enfouissement et l'incinération de ces déchets, après l'émission d'une mise en demeure par les autorités préfectorales pour "ne plus admettre de déchets dangereux en mélange avec des déchets non-dangereux". En cause, la présence d'amiante dans les déchets issus de la filière BTP. 

 

"Malgré ces mesures de détection, de sécurité et de protection, l’objectif « zéro amiante » reste techniquement inaccessible, pour Néolithe, comme pour l’ensemble des acteurs de la filière", se défendait l'entreprise via un communiqué. Néolithe à elle seule n’a pas la capacité de résoudre ce problème de filière. Nous espérons un sursaut des pouvoirs publics sur ce sujet, car la situation va devenir intenable pour nombre d’acteurs du tri des déchets de chantiers".

En attendant, les pouvoirs publics se concentrent sur les déchets recyclables. Dans les prochains mois, l’ADECC a prévu des temps de formation pour les acteurs de la construction avec ses partenaires Matière Grise et Echobat. Un diagnostic du territoire sera aussi réalisé cette année.