Montreuil-Juigné. Le marais de Juigné, un combat quotidien pour le préserver

La mairie de Montreuil-Juigné et le département du Maine-et-Loire élaborent un plan de gestion sur le marais de Juigné afin de le préserver des menaces comme la jussie, une plante invasive.

17 avril 2024 à 7h04 - Modifié : 17 avril 2024 à 7h36 par Alexis Vellayoudom

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Le marais de Juigné s'étend sur 28 hectares
Crédit : Alexis Vellayoudom

C'est un petit havre de paix à préserver. Depuis des années, le marais de Juigné, au bord de la Mayenne, accueille une riche biodiversité. Des espèces faunistiques et floristiques rares. Pour conserver cet écrin, classé Natura 2000, la Ville de Montreuil-Juigné et le département du Maine-et-Loire vont lancer un plan de gestion sur cet Espace sensible naturel. 

 

Un plan de gestion pour protéger le marais

 

Sur ces 200 hectares de prés et zones humides, en ce printemps, il n'est pas rare d'observer le bal incessant d'oiseaux au-dessus des 28 hectares du marais. Aigrettes, hérons, canards et cygnes s'y rejoignent pour offrir un spectacle divertissant et apprécié des passants comme des ornithologues aguerris. Depuis 2010, plus de 126 espèces d'oiseaux y ont été observées. Côté flore, le maire Benoît Cochet se félicite de la richesse du marais. "On a retrouvé très récemment, une plante extrêmement rare. Il y en a dans deux endroits en France à ce jour. C'est la lindernie couchée qui montre bien que nous avons un vrai joyau de biodiversité. C'est aussi un vrai lieu de ressource, voire même d'apprentissage pour le citoyen. Les décennies précédentes, on n'a pas toujours porté d'attention à cette biodiversité". 

Un écrin de biodiversité
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Et pour le préserver, la ville et le département travaillent d'arrache-pied. La vanne d'ouverture d'eau qui permet d'abaisser ou de rehausser le niveau de l'eau a été rénovée. "C'est d'ailleurs un sujet délicat, car ce n'est pas toujours très simple à comprendre pour les habitants. Entre la préservation de la faune et de la flore, les niveaux d'eau ne sont pas toujours les mêmes exigés et ça forcément un impact pour l'un ou pour l'autre", précise Benoît Cochet. Les collectivités ont récemment lancé l'élaboration d'un plan de gestion du marais, confié au bureau d'étude Hardy Environnement. Un travail de 18 mois qui débouchera sur un document final en juin 2025. "Il y a des arbitrages quit vont être pris pour préserver et protéger au mieux le marais et les espèces qu'il abrite", explique le maire. Ces travaux sont estimés à 44 970 € et financés à 80 % par le département.

 

Un marais face aux menaces

 

L'un des sujets préoccupants pour l'avenir du marais et qui fera partie de ce plan de gestion, c'est la jussie. Cette plante aquatique et invasive s'attaque à plusieurs marais français, dont le Marais Poitevin, mais aussi celui de Juigné. "Le risque, il est simple. C'est que le marais devient monospécifique. C'est une plante qui ferme le milieu. Elle empêche la poussée des autres plantes indigènes et provoque leur disparition, ainsi que l'envasement du marais au détriment de l'eau", explique Sylvain Séchet, responsable adjoint du Service Espace Vert de Montreuil-Juigné. Et l'évolution des conditions climatiques avec des journées plus chaudes inquiète le technicien. "On a de la chaleur, de l'eau et des nutriments dans l'eau. Tous les éléments sont réunis pour qu'elle se développe. Et elle le fait très vite. Ça va être très compliqué de s'en débarrasser malgré tous les efforts qu'on peut faire". "C'est un puits sans fond", ajoute le maire Benoît Cochet. "C'est un travail fastidieux d'arrachage parce qu'il faut faire dans le marais. Malheureusement, aujourd'hui, aucune étude scientifique ne permet d'éradiquer ou en tout cas de contenir cette plante invasive". 

 

Le marais de Juigné face aux menaces
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pour limiter sa prolifération, la mairie et les agriculteurs avaient pris la décision de clôturer le marais pour interdire l'accès à la centaine de bêtes en pâturage sur ces prairies naturelles afin d'éviter le piétinement des sols qui participent à la dissémination de la jussie. Une éolienne de pompage du marais avait été installée pour permettre aux bovins de s'abreuver directement dans le marais. La diminution de l'élevage est d'ailleurs un autre sujet de préoccupation. "Nous étions une quinzaine, nous ne sommes plus que quatre éleveurs", confie Benoît Renou, président du syndicat d'exploitation des prairies d'Oualard qui bordent le marais et la rivière de la Mayenne. "C'est un enjeu pour éviter la fermeture du milieu. Un marais, c'est une forêt en puissance. Le maintien de l'agriculture et du pâturage permet d'éviter le développement des grands ligneux", précise Sylvain Séchet. 

Sur les 89 espaces Espaces sensibles naturels que compte le département du Maine-et-Loire, 42 vont bénéficier d'un plan de gestion.