Réforme lycée professionnel : "une mise en danger des diplômes" pour les syndicats

Hier, des enseignants des lycées professionnels étaient appelés à manifester pour protester contre la réforme du lycée professionnel qui prévoit de doubler le nombre de semaines de stage en entreprise.

19 octobre 2022 à 11h47 par Alexis Vellayoudom

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Les manifestants se sont réunis sur la place du 11-Novembre
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Difficile d'y voir claire dans cette journée de mobilisation générale. Alors que des intersyndicales appelaient à manifester dans toute la France pour demander l'augmentation des salaires, les syndicats enseignants CGT, FSU, FO, UNSA et Solidaires manifestaient aussi contre la réforme des lycées professionnels à Angers, Laval et Segré. Emmanuel Macron souhaite augmenter le nombre de semaines de stages en entreprise en réduisant le nombre d'heures de cours. 

 

Des stages plus difficiles à trouver ? 

 

En Maine-et-Loire, la majorité des enseignants était invitée à rejoindre la mobilisation générale d'Angers. Mais devant les grilles du Lycée Blaise de Segré, nous avons rencontré Laurent Ménard, professeur documentaliste et membre de la CFDT-Sgen. Il s'inquiète de cette réforme : "ce qui me dérange c'est la baisse du nombre d'heures d'enseignement notamment dans les matières générales pour des élèves qui vont passer un diplôme et donc cette baisse du nombre d'heures met en danger leurs diplômes". 

 

Laurent Ménard, membre de la CFDT-Sgen et professeur au lycée Blaise Pascal de Segré
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pour les syndicats, toutes les entreprises ne disposent pas de tous les plateaux techniques et activités nécessaires à l'obtention des diplômes. La FSU 53 dénonce aussi le manque d'égalité : "On sait très bien qu'il y a de grandes difficultés pour trouver des stages en entreprise, on sait que c'est plus difficile pour les filles, pour les jeunes de quartiers. Si on veut subvenir aux besoins en main d'oeuvre, c'est pas avec ce type de réforme". 

Une analyse qui se vérifie sur le Segréen, "déjà pour nos élèves de Terminal qui ont huit semaines de stage à trouver, c'est déjà compliqué. Ils y arrivent, mais ils rament et là, on augmente la difficulté. Il y a un autre point qui nous paraît dangereux, c'est le projet d'augmenter le nombre d'apprentis. Tout simplement parce que le bassin d'emplois sur Segré permet d'accepter un certain nombre d'apprentis et on est peut-être arrivé à un plafond dans le sens où les entreprises ne sont peut-être pas prêtes à accueillir plus d'apprentis", explique le syndicaliste de la CFDT.

 

 Les syndicats craignent une suppression de postes

 

À Laval, une cinquantaine de personnes s'est d'abord rassemblée en AG à 10h dans l'auditorium de Laval. Ils ont ensuite manifesté sur la place du 11-Novembre. "On dénonce une forme de mépris sur le travail réalisé dans les cours, l'établissement et les salles techniques", explique Yoann Vigner, délégué syndical FSU. "Avec plus de temps à l'entreprise et moins de temps à l'école, on craint un plan social des professeurs de lycée professionnel et agricole. On estime entre 5 000 et 6 000 enseignants en moins", poursuit le syndicaliste.

 

La crainte d'un plan social
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

FSU demande un bilan du système sur les dernières années. "Dans les années 2000, on a supprimé le BEP. On est passé de quatre années de formation à trois années, les élèves ont perdu une année de cours. On demande aujourd'hui la mise en place d'un temps à l'école pour une formation de qualité et donc une 4ème année de formation pour les élèves en difficultés", explique Yoann Vigner. "On vient d'entamer une réforme qu'a commencé en 2018 qui a abouti au nouveau Bac Pro. On est à peine lancer dans cette réforme qu'on est déjà dans une remise en cause. Il était annoncé au départ une réflexion, des groupes de travail et enfaîte, on s'aperçoit que tout à l'air déjà pensé", s'agace de son côté Laurent Ménard.