Maine et Loire

Segréen. L'État accorde le permis pour le projet de recherches minières Bélénos

La start-up bretonne Breizh Ressources a obtenu trois permis exclusifs de recherches minières notamment pour le projet Bélénos qui prévoit d'identifier les sous-sols de l'Anjou Bleu afin de trouver des métaux rares et peut-être, à terme, les extraire.

Publié : 11h29 par Alexis Vellayoudom

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Crédit : visootu2

Breizh Ressources va bientôt pouvoir commencer ses recherches géologiques dans les sous-sols de l'Anjou Bleu. La start-up basée à Lorient a annoncé que l'Etat, via le ministère de l’Économie, venait de lui accorder l'obtention de son permis exclusif de recherche pour trois projets dans l'Ouest de la France, dont le projet Bélénos qui s'étend sur l'Anjou Bleu et une partie de la Loire-Atlantique. 

 

Quelle zone concernée ?  

 

La société bretonne, souligne que ce permis est valable cinq ans et va permettre "de réaliser un inventaire géologique du sous-sol sur 18 communes *". Cette autorisation intervient à la suite de deux consultations publiques et une évaluation environnementale rendue par l'Autorité environnementale, mais contestée par plusieurs associations locales. Désormais, Breizh Ressources va entamer ses recherches sur un périmètre de 440,9 km². "Une zone d’étude maximale qui sera amenée à se réduire progressivement en fonction des résultats", précise la société. 

 

Pour chercher quoi ? 

 

Sur ce projet, "20 métaux stratégiques et rares" sont recherchés. Parmi cette liste non-exhaustive, de l'argent, de l'étain, de l'or, du plomb, du zinc, mais surtout de l'antimoine et du cuivre très recherchés pour certaines technologies comme les batteries de voiture ou la fabrication d'éoliennes. Objectif affiché, permettre à la France d'aller vers plus indépendance sur ce secteur, "dans un contexte de tension sur l’approvisionnement en métaux et de forte dépendance aux importations". Selon la société, la France importerait aujourd'hui 9 313 tonnes de Chine pour l'un, et 172 400 tonnes du Chili pour l'autre, afin de couvrir ses besoins. 

 

Comment ? 

 

À terme, si des métaux sont identifiés, des mines pourraient voir le jour, mais avant d'en arriver, la start-up bretonne doit réaliser des études de terrain et d'analyse pour évaluer le potentiel géologique. "Ce permis [...] n’autorise ni l’ouverture d’un site d’extraction ni des travaux lourds. Les éventuels forages de petit diamètre devront faire l’objet d’autorisations spécifiques et resteront strictement encadrés par arrêté préfectoral."

Les recherches sur des propriétés privées devront faire l'objet d'accord préalable. C'est le but de la prochaine phase du projet avec une phase de concertation sur les six prochains mois. "Elle permettra également d’informer les acteurs du territoire et les habitants sur les méthodes d’étude envisagées, le cadre réglementaire qui encadre le permis et le calendrier prévisionnel." Débutera ensuite la première phase technique avec les premiers levés géophysiques. Entre la recherche et la possible exploration, plusieurs années pourraient s'écouler. Au total, Breizh ressources prévoit d'investir 800 000 € sur les cinq ans de permis. 

 

Des associations locales opposées au projet

 

Dès l'annonce du projet en 2023, plusieurs associations se sont constituées dans tout l'Ouest pour s'opposer à ces recherches minières. Chez nous, c'est le collectif Stop Belenos 49. Les militants pointent des conséquences environnementales désastreuses, notamment sur le cycle de l'eau. "C'est une consommation d'eau excessive qui s'évalue à plusieurs milliers de mètres cube d'eau. Et aussi une pollution environnementale par des techniques d'extraction chimique à plus de 400 mètres de profondeur. Ça pollue pour des décennies, voire des centaines d'années un territoire. On ne sait pas faire de mines propres qui n'ont pas de conséquences sur l'environnement", défendait Laurent Boullier à notre micro en août dernier.

 

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Plus généralement, le collectif regrette cette course aux minerais : "On est toujours dans cette logique de système où on exploite plus parce qu'on a plus de besoins, de consommation. " Ils dénoncent aussi un "projet caché". Selon eux, Breizh Ressources met en avant l'extraction de minerais indispensables pour la transition écologique, alors que ses efforts seraient concentrés sur l'extraction d'or, plus rentable. "Breizh Ressources, c'est une société associée à Aurania (société canadienne spécialisée dans la recherche d'or en Equateur ndrl) et qui recherche essentiellement de l'or. C'est un minerai très très bénéfique financièrement. Pour 10 tonnes de roches extraites, on récupère quelques grammes d'or", glissait Laurent Boullier. 

Encore faut-il que ces recherches soient fructueuses. En France, seulement 1 à 5 % des projets d’exploration aboutissent à l’ouverture d’une mine.

 

*Liste des communes concernées : Moisdon-la-Rivière, Erbray, Grand-Auverné, PetitAuverné, Saint-Julien-de-Vouvantes, La Chapelle-Glain, Vallons-de-l’Erdre (LoireAtlantique), Le Pin, Challain-la-Potherie, Candé, Angrie, Loiré, Chazé-sur-Argos, Val- d’ErdreAuxence, Bécon-les-Granits, Erdre-en-Anjou, Saint-Clément-de-la-Place, Longuenée-enAnjou (Maine-et-Loire).