À Mayenne, prendre une baguette de pain peut aider à lutter contre les violences conjugales et intrafamiliales

Le collectif national #NousToutes a lancé une opération de prévention sur les sacs à pain. À Mayenne, 8 boulangeries participent. Ces sacs à pain doivent permettre d'aider les victimes.

9 avril 2021 à 10h02 - Modifié : 9 avril 2021 à 10h15 par Alexis Vellayoudom

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Les numéros d'urgence pour les victimes de violences conjugales, sexistes et intrafamiliales
Crédit : Maud Jan

C'est une chose du quotidien qui pourrait aider ou sauver des vies à Mayenne, la baguette de pain. Le collectif national #NousToutes a lancé une opération de prévention sur les violences conjugales, intrafamiliales, sexistes et sexuelles. Huit boulangeries de Mayenne ont accepté de vendre leur pain dans des sacs à pain atypiques.


Qu'est-ce qu'il y a sur ces sacs à pain ?


Maud Jan, membre du collectif #NousToutes53, a distribué 100 sacs à pain à ces boulangeries. Sur l'une des faces, violette, des numéros d'urgences pour les victimes de violences, qu'elles soient conjugales, sexistes, sexuelles ou intrafamiliales. Et sur l'autre côté, "ce qu'on appelle le violentomètre. Une sorte de règle qui permet de se repérer en fonction de la couleur et des intitulés qu'on trouve graduellement. À savoir à quel moment, on est dans une relation qui est saine et à quel moment on dérape sur une emprise ou sur des violences qui pourraient venir, si elles ne sont pas déjà là et donc à quel moment, il faut se sentir en danger, pouvoir alerter et sortir de cette emprise", explique Maud Jan.


Maud Jan décrit ces sacs à pain
Crédit : Alexis Vellayoudom

Alors pourquoi un sac à pain ? Le collectif #NousToutes53 parle d'un objet que tout le monde peut avoir chez soi, "tout le monde achète une baguette. L'emballage va rester parce que c'est intriguant", souligne Maud Jan.



Libérer la parole et apporter de l'aide


Ces sacs à pain ne sont pas réservés qu'aux victimes, au contraire, ils peuvent aussi libérer la parole pour le collectif, "ça peut permettre de débattre au sein des foyers. À quoi ça sert ? Est-ce que on garde les numéros ? Est-ce qu'on n'a pas quelqu'un autour de nous ? Est-ce qu'on ne peut pas transmettre l'information à quelqu'un ?", questionne la membre du collectif avant d'ajouter, "le but aussi, c'est qu'une personne victime à un moment elle se dit, "j'ai quelque chose de concret, je peux faire le numéro en sortant de la boulangerie". L'idée, c'est d'avoir un outil tout de suite pour les personnes qui sont victimes de violences"


"Est-ce qu'on ne peut pas transmettre l'information à quelqu'un ?" - Maud Jan
Crédit : Alexis Vellayoudom

Depuis la création de la branche mayennaise du collectif en octobre dernier, Maud Jan constate que beaucoup de femmes sont venues se confier, "ça a libéré la parole. Le fait de pouvoir en parler à n'importe quelle heure de la journée, n'importe où, de manière ouverte. ça ne doit pas rester un sujet tabou", mais selon elle, il manque encore des moyens financiers et des places d'urgence, "on peut toujours faire de la communication et ils le font très bien le gouvernement, mais dans les faits, s'il n'y a pas d'associations et de collectifs qui se mettent en place, c'est plus que des trous dans la raquette".

Le collectif à le soutien des élus locaux de Mayenne, "c'est une bonne chose, ils sont partants pour renouveler l'opération un peu plus tard dans l'année", confie Maud Jan. Si vous habitez Laval, vous pourrez, normalement, avoir vous aussi votre sac à pain.