Angers. La police municipale autorisée à porter des armes létales, comment ça va fonctionner ?
Hier soir, le Conseil municipal d'Angers a validé le port d'armes létales pour les 75 policiers municipaux d'Angers. Une partie d'entre-eux seront équipés dès la fin de l'année, mais ils devront passer des formations.
Publié : 1er juillet 2025 à 12h18 - Modifié : 1er juillet 2025 à 12h21 Alexis Vellayoudom
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En, plus des tasers, LBD et tonfas, les policiers municipaux de la ville d'Angers porteront des armes à feu. Ce lundi soir, le Conseil municipal d'Angers a validé le port d'armes létales pour sa police municipale. Une demande formulée par les professionnels et la CFDT, en raison des faits divers qui ont émaillé la ville ces dernières années. Les premiers policiers seront équipés d'ici la fin de l'année.
Une réponse aux faits divers marquants
La question a été mise sur la table dès l'été dernier après que des policiers municipaux tombent nez à nez avec un homme armé qui venait d'assassiner une personne rue Parcheminerie. Depuis la CFDT, opposée par principe à l'armement de la police municipale, a changé son fusil d'épaule uniquement pour la situation particulière d'Angers. "Quand ils (policiers municipaux) interviennent dans leurs missions du quotidien, ils sont de plus en plus confrontés à des individus qui ont des armes, soit sur eux, soit dans leur voiture ou leur logement quand ce sont des interventions pour tapage nocturne, contrôle d'identité ou violence intrafamiliale", expliquait à notre micro Emmanuel Ollivier, responsable syndical. Le syndicat a longuement poussé pour convaincre le maire d'Angers Christophe Béchu de soumettre la question au vote. Après plusieurs concertations, c'est désormais chose faîte.
Comme le syndicat, Christophe Béchu justifie sa décision par les derniers événements en date, le triple meurtre sur l'esplanade Cœur de Maine en 2022, le meurtre de la rue Parcheminerie l'été dernier et le meurtre de Matthias tué à coups de marteau près de la gare d'Angers au début de l'année. "Il y a quelques années, on ne se retrouvait pas avec potentiellement des tirs d'armes à feu en fin de journée dans une rue du centre-ville. Il n'y a pas plus de vols, mais il y a plus de vols avec armes. On est dans un degré d'agressivité et de passage à l'acte qui nécessite qu'on renforce la protection de ceux qui nous protègent. Si, ne serait-ce que grâce à ça, on peut éviter cinq passages à l'acte, déjà ça serait énorme". Si une partie des syndicats (la CGT s'est abstenue et Force ouvrière était absent ndlr) ne se sont pas prononcés, et l'opposition, opposée au projet, demande un délai supplémentaire pour échanger avec davantage d'acteurs et élargir le débat, ce sont les policiers municipaux eux-mêmes qui ont fini de convaincre l'élu. "C'était pour moi déterminant. Il y a quelques années, ça n'était pas un sujet de débat. Là, ce sont eux qui m'ont dit "Monsieur le Maire, on a besoin d'être armé pour mieux protéger les Angevins", confie Christophe Béchu.
Des formations pour chaque agent
Autre point de bascule pour l'équipe municipale, les prédispositions d'une majorité des policiers municipaux. Aujourd'hui, sur les 68 agents (ils seront 75 à la fin de l'année ndlr), 60 ont déjà été formés aux armes à feu. "On a souvent d'anciens policiers et d'anciens gendarmes. Aujourd'hui, une très grande majorité de nos collaborateurs ont déjà été armés dans un moment de leur carrière", précise Jeanne Behre-Robinson, adjointe à la Sécurité et à la Prévention. Tous devront d'ailleurs suivre ou refaire une formation. "Ils auront tous une expertise à passer, une formation de recyclage qui doit être reconduite régulièrement et donc ils auront tous le même corpus formations délivrées par le CNFPT."
Dans les faits, chaque agent disposera d'une arme de poing. Ils en seront équipés à chaque sortie, mais devront laisser leurs armes le soir dans une armurerie sécurisée, au sein des nouveaux locaux de la police municipale, installés dans l'ancienne Banque de France. "Il y a des tests psychologiques pour voir comment vous pouvez réagir avec cet équipement et être sûr qu'il n'y ait pas de difficultés. L'idée, c'est aussi de voir que le collaborateur ne soit pas lui-même en danger", souligne l'élue. Les premiers à en être équipés seront ceux des équipes de nuit d'ici la fin de l'année, puis les équipes de jour au début de l'année 2026 pour un coût total de 360 000 € (100 000 € pour l'armurerie, 800 à 1 000 € pour chaque arme et le reste dans les formations et les visites médicales NDLR).
Des missions élargies ?
Pour le moment, ce n'est pas à l'ordre du jour, mais en coulisse le président de la République Emmanuel Macron a manifesté son souhait d'un projet de loi pour élargir ces missions sous l'autorité du procureur de la République. Il s'agirait pour eux de réaliser des saisines, des flagrances ou des amendes forfaitaires. La majorité municipale tempère sur ces besoins d'élargissements : "Aujourd'hui, on voit bien dans les missions qu'il est parfois nécessaire de faire évoluer le corpus administratif et juridique dans lequel on se situe, notamment pour pouvoir disposer de l'accès aux fichiers d'immatriculation, de pouvoir offrir un coffre de voiture. Aujourd'hui, les agents doivent appeler la Police nationale, il faut avoir une réquisition du procureur, alors même que ça pourrait permettre dans un certains nombre de cas d'agir en flagrance, donc de tout de suite mettre fin au délit commis. On aimerait aussi qu'ils puissent faire un contrôle d'identité, ce qui aujourd'hui, ne fait pas partie de leurs missions qui peuvent exercer. On attend ces évolutions qui seront utiles sur le terrain."
Le projet devrait être débattu à l'Assemblée nationale dès cet automne.