Confinement. Des maisons d'assistantes maternelles confrontées à des difficultés pour ouvrir et accueillir les enfants

Pendant une semaine, ces deux MAM mayennaises étaient fermées en raison du flou administrative. Désormais, elles peuvent rouvrir, mais elles font face à plusieurs difficultés, à cause de la limite des 10 enfants accueillis.

14 avril 2021 à 12h10 - Modifié : 15 avril 2021 à 16h11 par Alexis Vellayoudom

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Fermées une semaine, leurs MAM vont rouvrir avec quelques problématiques
Crédit : Alexis Vellayoudom

Certaines maisons d’assistantes maternelles ont ouvert en engageant leur responsabilité, sans même le savoir. C'est ce qu'explique Sonia Blanchard, une assistante maternelle de la MAM les Raz'moquettes au Genest-Saint-Isle qui accueille habituellement 16 enfants. Tout est une histoire de décret.


Un flou administratif pour les MAM agréées pour plus de 10 enfants


Après le discours d'Emmanuel Macron, l'annonce du nouveau confinement et la cacophonie autour des assistantes maternelles, Sonia s'est intéressé au décret du 2 avril et dans les faits, c'était plus compliqué. Il y avait bien un décret qui autorisait l'ouverture des MAM, mais juste celles agréées pour l'accueil de 10 enfants ou moins, "du coup, on a décidé de suspendre notre accueil jusqu'au 25 avril. Chez nous, les parents ont été compréhensifs", confie Sonia. Un décret auquel était opposé un guide de recommandations ministérielles qui autorisait l'ouverture de toutes les structures d'accueil d'enfants, "j'ai appelé la Direccte qui m'a répondu que le décret prévalait sur le guide, mais qu'on pouvait faire ce qu'on voulait. Les syndicats étaient au courant du décret et poussaient les MAM à ouvrir", explique Sonia.


Des MAM confrontées au flou administratif
Crédit : Alexis Vellayoudom

De son côté, la Protection maternelle infantile (PMI) fait savoir à plusieurs MAM qu'il faut ouvrir, "si jamais elles n'ouvrent pas, elles risquent les contrats. On n'a pas le droit de refuser un accueil en tant qu'assistantes maternelles". Sonia décide alors de s'adresser à son assurance, là encore, c'est le décret qui prévaut, "juridiquement parlant s'il se passe quoi que ce soit, c'est le président qui trinque. Comme le décret nous ferme, on est hors-la-loi. Par rapport à nos assurances, si on a un accident sur un enfant ou dans nos locaux, on perd tout car nos assurances ne vont pas nous couvrir comme on est censé être fermé", confie Sonia.

Une situation qu’a connu aussi la MAM le Royaume des Mômes à Saint-Berthevin où des parents étaient dans l’incompréhension, "on a une famille qui nous a licencié parce qu'on n'était pas ouvert", témoigne Katell Cugni. Heureusement, un nouveau décret paru ce week-end autorise l’ouverture de ces MAM agréées pour plus de 10 enfants, mais toujours dans la limite de 10.




Une réouverture qui laisse place aux craintes


Depuis lundi, le Royaume des Mômes à Saint-Berthevin a rouvert dans la limite de 10 enfants alors qu'habituellement, la MAM peut en accueillir 16. Le décret est tombé dimanche, il a donc fallu s'organiser rapidement. Les enfants du personnel médical en priorité, ils sont 4 à la MAM, le Royaume des Mômes, sauf qu’aujourd’hui, la MAM doit aussi jongler avec les parents en télétravail, car la liste des prioritaires est longue. Un casse-tête dans le calendrier pour Katel Cugni, "on a plusieurs parents qui vont choisir le mardi donc on va se retrouver avec 15 enfants et il va falloir qu'on en enlève. Il y a des parents qui vont accepter et d'autres non".


Reportage - Les MAM agrées pour plus 10 enfants confrontées à des problématiques
Crédit : Alexis Vellayoudom


Et le risque, c’est de voir des parents, rompre les contrats, licenciés, ces assistantes maternelles, "parce qu'on ne peut pas accepter l'enfant donc les parents vont aller voir ailleurs, s'ils peuvent trouver une autre solution de garde et nous licencier", ajoute Katell Cugni. Un maximum d’enfants accueillis alors que leur agrément est de plus de 10, certains enfants qui ne peuvent pas être gardés, des refus de garde qui peuvent entraîner des licenciements et donc un impact aussi sur le salaire, "notre paiement, c'est une prime d'indemnité à 80 % donc on est là, on travaille tous les jours, mais on va perdre du salaire, ça va être compliqué", confie Katell.

Alors les parents sont pour le moment compréhensifs, mais il ne faudrait pas que la situation s’éternise.