Mayenne

En Mayenne. Ces métiers qui peuvent seconder le travail des médecins généralistes

La nouvelle convention entre l'Assurance maladie et les médecins généralistes instaure la création d'un nouveau métier d'infirmière en pratique avancée pour prendre en charge plus de patients et prévoit des aides pour l'embauche d'assistants médicaux.

Publié : 25 février 2025 à 17h10 - Modifié : 28 février 2025 à 14h03 Alexis Vellayoudom

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Crédit : twenty20photos

"Si on ne faisait pas tous ces efforts, ça pourrait aller beaucoup plus mal". C'est le constat de Luc Duquesnel, médecin généraliste à Mayenne et président du syndicat des généralistes de la CSMF. Dans un contexte où le système de santé mayennais est, comme depuis plusieurs années, sur la corde raide. Le département compte 180 médecins dont beaucoup partiront à la retraite dans les prochaines années. Moins médecins pour plus de patients et une population vieillissante alors comment favoriser l'accès aux soins ? Cette équation, avec le tarif des consultations, était au centre des débats pendant plusieurs mois dans les négociations sur la nouvelle convention médicale entre les médecins et l'Assurance maladie. Une convention qui mise notamment sur le soutien médical aux médecins. 

 

Des infirmières en pratique avancée pour soutenir les médecins

 

C'est la nouveauté instaurée dans cette nouvelle convention, la profession d'infirmière en pratique avancée (IPA). Une demande soutenue par une majorité de médecins généralistes. "Ce sont des infirmières qui ont déjà exercé en tant qu'infirmière hospitalière ou libéral et qui font deux années d'étude supplémentaires. Elles arrivent à un niveau d'expertise qui me surprend", précise Luc Duquesnel.

En clair, ces IPA viendront compléter le travail des généralistes, une sorte de relais du médecin traitant. "Sur Mayenne, on a une IPA qui nous suit 650 patients atteints de pathologie chronique. Ça ne veut pas dire que je ne suis plus médecin-traitant de ces patients. Je continue de les voir quand ils ont une pathologie aiguë, quand ils déstabilisent leur pathologie chronique. Je suis en lien quotidiennement pour ces patients que je lui ai confiés, quand il y a une prise de sang qui n'est pas bonne ou un résultat d'examen pas bon et on décide ensemble ce qu'on fait. Ça me permet de prendre en charge plus de patients. Puis comme ce sont des patients atteints de pathologies chronologiques stabilisées, ce ne sont pas forcément les patients avec lesquels je vais passer plus de temps. J'ai tendance à considérer qu'ils sont mieux suivis par elle que par moi", précise le président de la CSMF. 

 

Infirmière en pratique avancée, un nouveau métier nécessaire
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pour le moment, la Mayenne compte cinq infirmières en pratique avancée.. La nouvelle convention prévoit une rémunération sur un forfait au nombre de patients. "C'est un métier qu'on doit développer parce qu'on sait que demain, on n'aura pas plus de médecins généralistes, on en aura même moins. À Mayenne, on en a deux qui partent dans les semaines qui viennent. C'est comment travailler autrement et innover dans nos organisations, et je crois que l'infirmière de pratique avancée nous permet de maintenir, malgré nos problèmes de démographie médicale, une très haute qualité des soins", insiste le Dr Duquesnel. Seul bémol, la formation qui n'est pas rémunérée. 

 

25 % de médecins éligibles aux assistants médicaux

 

En parallèle, la CPAM veut développer la présence des assistants médicaux. Une autre fonction support pour faciliter la pratique des médecins. La Mayenne en compte 41. Ce poste nécessite une formation d'acquis d'expérience qui peut aller de 112 heures à 280 heures en fonction du statut du candidat. Le Dr Duquesnel en emploie une depuis deux ans sur deux cabinets médicaux. "On a un sac à dos qu'est très lourd à porter en tant que médecin généraliste. Maintenant, on est deux à le porter. C'est une vraie qualité d'exercice qui me permet aussi de me concentrer sur mon expertise médicale, mesurer, peser, analyser les résultats. Elle a plus le temps de voir si les examens prescrits ou de dépistage ont été fait. Ça me permet de prendre plus de patients. C'est pour ça que je dis qu'en 38 ans, ce sont mes plus belles années d'exercice, et je n'ai aucune envie de prendre ma retraite."

 

Les assistants médicaux, un confrère avec qui partager le poids de la santé
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Leur nombre pourrait encore augmenter. En Mayenne, 25 % des médecins sont éligibles aux aides pour avoir une assistante médicale. Des aides qui ont augmenté dans la dernière convention. Elles dépendent de la zone d'exercice, du temps passé et de la patientèle du médecin. Ces aides peuvent aller de 14 000 à 19 000 € la 1ère année pour un mi-temps ou de 22 000 à 38 000 € pour un temps-plein. 

 

La problématique immobilière

 

D'autres pistes émergent aussi pour accentuer la présence médicale. Par exemple, le Dr Duquesnel milite pour un soutien envers les médecins à la retraite. "Pour leur donner envie de continuer. À Mayenne, on en a un qui fait 89 consultations par jour, c'est ça de pris et c'est une aide de plus pour le territoire." Son autre combat, c'est la problématique immobilière. Selon lui : "c'est la galère et souvent un frein pour travailler sur deux cabinets médicaux. C'est doubler les frais de loyers, de charges et donc ce n'est pas toujours simple. Et parfois des locaux qu'on ne peut pas toujours adapter. C'est le rôle qu'ont les collectivités territoriales à nous aider, à aller vers ces innovations dans nos modes d'exercice."

Même si la situation reste très fragile, le corps médical veut rester positif. "En Mayenne, on sait s'adapter. En 2006, on a reconstruit la permanence des soins avec un système qu'est considéré comme exemplaire. On a fait les maisons de santé. Finalement le problème démographique qu'on subit depuis les années 2000, c'est presque une chance, car ça nous a obligé à nous retrousser les manches tous ensemble. Après aujourd'hui, on a un hôpital qui est gravement malade avec de graves répercussions sur les médecins généralistes."