En Mayenne. Sécurité routière : baisse des accidents et des décès, les conduites sans permis augmentent

Des chiffres "encourageants" selon les différents corps de l'administration en Mayenne. En 2024, le département a enregistré une baisse des décès sur les routes mayennaises 17 contre 19 l'an dernier (ndlr : 41 % des victimes sont âgées de plus 64 ans). Le nombre d'accidents corporels a aussi baissé 115 contre 130 en 2023. Conséquence, le nombre de blessés (139 contre 147) et d'hospitalisations (88 contre 99) diminue par rapport à l'année précédente. Mais la vigilance reste de mise notamment sur les comportements dangereux. 

La vitesse et les refus de priorités accidentogènes

Et la principale cause de ces accidents reste la vitesse (21 %), mis en évidence dans 3 accidents mortels en 2024. "On a des gens qui ne comprennent pas que sur les routes la vitesse est la première cause de mortalité. Ils se sentent peut-être tout-puissant à bord de véhicule bien motorisé. Ils prennent des risques inconsidérés", constate Xavier Dumolard de Boller, Commandant de la compagnie de gendarmerie de la Mayenne. Des comportements à l'image de la société selon lui : "il y a une certaine impatience. On est dans une société où les gens ne veulent pas rester derrière un véhicule qui roulerait plus lentement que ce soit avec un routier ou véhicule léger. Je crois que c'est plus l'impatience que la volonté de faire de la vitesse qui créée ensuite le danger et l'accident". 

Parmi les autres causes d'accidents, la préfecture place les refus de priorité (16 %), puis l'inattention (15 %), en légère augmentation, et responsable de 5 accidents mortels sur les routes. Tout comme les stupéfiants à l'origine davantage d'accidents (6 % contre 4 % en 2023). 

Un partage de la route de plus en plus compliqué en ville

"En centre-ville, un accident entre un véhicule et un piéton ou un véhicule ou cycliste peut rapidement devenir mortel", rappelle Nicolas Guerrand, commissaire de police de Laval. Ça a d'ailleurs été le cas le 24 octobre dernier lorsqu'un cycliste a été renversé par une voiture, avenue Chanzy. Quelques jours plus tard, l'homme de 87 ans a succombé à ses blessures. Au total, en 2024, 4 piétons et 2 cyclistes sont décédés, principalement en ville. Selon le policier, la cohabitation entre les moyens de transport dans l'espace public est de plus en plus compliquée en ville. "Il faut que les gens comprennent qu'ils ne sont pas maître de leur territoire". 

Dernier transport arrivé sur le marché, la trottinette électrique. À Laval, le réseau en libre-service est géré par Bird, alors même si le Commissaire de police admet que l'outil répond à un besoin de la population, il constate que les règles ne sont pas parfaitement intégrées par les utilisateurs. "Dès que vous vous déplacez dans l'espace public, vous répondez aux règles du code la route et donc on ne circule pas sur les trottoirs, sauf sur les bandes prévues à cet effet. On ne monte pas à deux sur la trottinette, on n'écoute pas la musique ou ne téléphone pas. On est en visibilité dès lors que la luminosité n'est plus suffisante. On ne roule pas à plus de 25 km/h parce que c'est interdit. Il y a des trottinettes, il n'y pas besoin d'avoir un radar pour voir qu'elles sont à plus de 25 km/h. On protège les autres et on se protège". Et le commissaire n'est pas au bout de ses peines : "certains sont en train d'imaginer d'autres moyens de déplacement qui iraient entre la trottinette et le cyclomoteur, ça nous laisse encore espérer d'autres difficultés". 

Accentuer les contrôles et la sensibilisation

En 2024, 77 003 infractions ont été relevées sur 19 radars automatiques contre 120 821 l'année dernière. Une baisse due à la suspension des voitures radars en raison du renouvellement du marché régional. En revanche, davantage de dépistages ont été réalisés 85 283. Conséquence, 413 permis de conduire ont été suspendus pour emprise de l'alcool et 358 pour stupéfiants. Des chiffres en baisse par rapport à 2023. Même chose pour les infractions de vitesse 7 549 contre 8 457 pour un total de 192 permis de conduire retirés contre 243 en 2023. Sauf que les refus d'obtempérer se répètent de semaine en semaine. "Dans la tête de certains, ils se disent la gravité des peines mérite qu'on tente le coup. On ne sait jamais ce que ça peut donner. C'est gênant pour la sécurité de mes collaborateurs parce que le risque, c'est qu'une situation soit interprétée de façon excessive et qu'on puisse arriver à des sorties d'armes et d'usage d'armes", explique le commissaire Guerrand. Les infractions routières ont aussi légèrement baissé, mais les conduites sans permis de conduire sont en augmentation 139 contre 85 et les défauts d'assurance sont en légère baisse 502 contre 514. "Le problème, c'est que les assurances ont un coup et certains font le choix de rouler sans, ce qui est une folie quand on connaît les conséquences en cas d'accidents graves". 

De son côté, la Sécurité routière et sa trentaine de bénévoles ont réalisé 92 actions en 2024. "On a sensibilisé 8 331 personnes", précise Nicolas Aubras, chef de l'unité Sécurité Routière en Mayenne. Parmi les actions proposées une opération de sensibilisation aux passages à niveau, une communication auprès des revendeurs des trottinettes sur les règles qui entourent l'outil, le déploiement de l'application Ma Route en 2RM qui "permet aux motards de vigie de signaler une infrastructure inadaptée ou dangereuse". Pour 2025, la Sécurité routière va relancer l'opération Péti'Fruits, afin de proposer des cocktails sans alcool et poursuivre les actions de prévention des deux-roues motorisées 2RM sur la reprise guidon. Elle animera des stands sur la 50e édition des Boucles de la Mayenne et la 8e étape du Tour de France le 12 juillet. Un appel à projets est également lancé pour améliorer la sécurité routière dans le département. Les propositions sont à transmettre au plus tard le 10 mars 2025.