Entrammes. "La Mayenne infuse dans nos veines", confient ses sœurs qui viennent de reprendre la maison éclusière de Port-Rhingeard

Il y a parfois des choses qui ne s'expliquent pas, un feeling, une intuition. C'est ce qui a poussé Céline et Fleur à donner corps et âme dans la reprise de la maison éclusière de Port-Rhingeard. Ces sœurs, qui ont passé leur enfance à Bonchamp et à la Bazouge-des-Alloeuds, ont répondu à l'appel à projets en 2022. Elles viennent d'ouvrir la Maison de Marguerite, un lieu convivial au bord de la Mayenne où les riverains et cyclistes de la Vélo francette pourront boire un coup, manger, goûter, dormir, et même participer à des ateliers créatifs. 

Un coup de foudre

Et pourtant, les deux sœurs ont failli passer à côté de cette opportunité. "Il ne restait que quelques jours et il y a notre tante qui a trouvé l'annonce et nous a envoyé un petit message : "Vite, vite, il y a un appel à projets pour Port-Rhingeard. C'est la vôtre". Et donc très vite, on a répondu", confie Fleur, salariée dans un hôtel lavallois et qui conservera son emploi le temps de voir si le projet fonctionne. Céline et Fleur avaient à cœur de reprendre une activité en Mayenne. "On a eu la chance d'avoir des opportunités en dehors du département, mais on amoureuse de la Mayenne. Souvent, nos amis nous disaient "tu nous saoules avec ta Mayenne"", raconte Céline. Et reprendre une maison éclusière, l'idée germait dans leurs esprits, elles s'étaient d'ailleurs positionnées sur une autre maison éclusière plus au sud. Mais c'est Port-Rhingeard qu'elles voulaient. "On ne peut pas l'expliquer. Parfois, on sent quelque chose. Quand on passe ici à chaque fois, on se sent bien. À chaque fois qu'on passait sur la Vélo francette, on rêvait. On s'asseyait sur le banc juste à côté en se disant "si seulement"." 

Et le miracle de Port-Rhingeard se réalisa grâce à la souplesse du jury du Conseil départemental. "Le projet se prêtait plus à Port-Rhingeard donc on a bien évidemment accepté de changer le dossier pour s'adapter", rappelle Joël Balandraud, vice-président et président de la Commission d'étude Attractivité, tourisme et patrimoine. Il ne manquait plus qu'un nom à ce projet, l'histoire était déjà écrite. "Marguerite, c'est notre grande tante. Elle tenait un débit de boissons à l'écluse de Bonne, juste à côté. Elle n'a pas eu d'enfants et on ne l'a pas connu. C'était entre les deux-guerres. Quand on a découvert ça, on s'est dit "notre maison doit s'appeler Marguerite", raconte Fleur.  

Ouverte toute l'année 

À l'intérieur de la maison, une première pièce principale avec le comptoir. Les passants pourront s'asseoir sur les quelques tables dénichées dans des brocantes pour déguster des produits locaux et quelques sucreries, faites maison. Puis direction l'étage grâce à un escalier en bois d'époque : "À l'étage, on a deux chambres. On est partie sur le principe des refuges de montagne. On propose de la location au lit avec une chambre de trois et une chambre de deux. On peut privatiser sa chambre si on souhaite", présente Céline. Après une bonne nuit de sommeil, les visiteurs pourront ouvrir les fenêtres avec vue sur la Mayenne et l'abbaye du Port du Salut, "qu'on soit au rez-de-chaussée ou dans les chambres, on a accès direct sur la Mayenne. En ouvrant les fenêtres, on pourrait se croire au bord d'une cascade parce qu'il y a le bruit de l'écluse qu'est très prenant, mais qu'est hyper dépaysant", ajoute la grande sœur. 

Sur place, les flâneurs pourront louer des vélos ou simplement boire un verre en terrasse au bord de la Mayenne. Des paniers apéritifs ou des piques-niques seront aussi proposés aux cyclistes de la Vélo francette. Et pour être sûr d'avoir de l'activité toute l'année, la fratrie lance des ateliers créatifs : "style peinture sur céramique, des perles ou de la peinture sur faïence. On pourra prendre son petit panier, sa boisson et s'installer en bord de rivière, dans le jardin ou à l'intérieur. C'est une activité plus d'intérieur donc on va vraiment développer ça sur la période automne-hiver. Et on pourra mettre à jour notre imagination ou illuminer, par exemple, la maison éclusière à certaines périodes de fin d'année", explique ces sœurs complémentaires. 

Une tiny-house pour les PMR

Côté bâtiment, les deux sœurs ont procédé à plusieurs aménagements. L'arrière-cour a été transformée en jardin dans un style guinguette. Une plateforme sous porche accueillera le 6 juin prochain une tiny-house, financée par le Département, pour permettre l'accueil de personnes à mobilité réduite. "Il y aura une cuisine ouverte et des sanitaires accessibles", expliquent les gérantes. Cette tiny-house sera déplaçable l'hiver, notamment en cas d'inondation. Au total, le Conseil départemental de la Mayenne a déboursé près de 180 000 € pour la remise en état de la maison éclusière et la rénovation d'une dépendance pour l'installation de l'atelier vélo. Les gérants ont pu bénéficier d'un prêt d'honneur de Mayenne Initiative. 

Au sein du Département de la Mayenne, les élus se réjouissent de cette nouvelle reprise de maison éclusière. "Selon une étude de la Région Normandie, si on investit, il y aurait 39 000 € de retombées économiques par km et par an", explique Christelle Moussay, vice-Présidente de la commission d'étude Attractivité, tourisme et patrimoine. La prochaine écluse à revivre sera celle de Belle-poule à Changé. 

Informations pratiques : 

D'avril à septembre : ouverture tous les jours de 10h à 18h avec des nocturnes selon le calendrier

Hors saison : ateliers créatifs, animations, café/épicerie selon la programmation