États généraux de la santé : l'attractivité, la priorité selon les participants de la réunion de Château-Gontier

Mardi dernier, les états généraux de la santé, lancé par le Conseil départemental de la Mayenne, s'arrêtait à Château-Gontier. On a participé à la réunion publique.

22 mars 2022 à 15h50 - Modifié : 23 mars 2022 à 11h12 par Alexis Vellayoudom

Réunion EGS Chiot_15 03 22_AVC
Une quarantaine de personnes étaient réunies à la réunion publique de Château-Gontier
Crédit : Alexis Vellayoudom

Après le diagnostique de la pénurie de médecins et de la détérioration de l'offre de soins en Mayenne, vient le temps du traitement. Après un mois de colloques entre professionnels, spécialistes, et des réunions publiques dans toutes les Communautés de communes, les états généraux se terminent dans le département. Nous avons participé à la réunion publique à Château-Gontier qui s'est tenue mardi dernier. 

D'après les chiffres du département, les réunions publiques se décomposaient en général de la manière suivante, 25 % d'élus, 15 % de professionnels, 10 % de représentants de l'associatif pour une grande moitié d'usagers et de curieux. A Château-Gontier, ce sont en grande majorité des élus et des professionnels qui étaient représentés dans la quarantaine de personnes présentes. (NDLR : 54 personnes étaient inscrites) 

 

Reportage dans la réunion publique de Château-Gontier
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Au Pays de Château-Gontier, 60 % des médecins ont plus de 55 ans

 

C'est Vincent Saulnier, représentant du Conseil départemental, qui lance la réunion. L'élu à la mairie de Château-Gontier-sur-Mayenne précise les objectifs de ces états généraux, trouver des solutions pour améliorer l'offre de soins en Mayenne avant de rappeler ces chiffres : "quand un médecin part à la retraite, il faut 2 à 3 médecins pour le remplacer". Une situation qui va devenir urgente sur le Pays de Château-Gontier puisque 60 % des généralistes ont plus de 55 ans, l'EPCI a perdu 12 % de médecins depuis 2011 (NDLR : -16 % au niveau du département). 

Et cette réalité inquiète David Coutant. Sa femme est médecin généraliste à Saint-Denis d'Anjou et l'associé de son épouse va partir à la retraite comme deux autres confrères sur la commune, "la moyenne nationale, c'est un médecin pour 1 000 personnes, là c'est le double, voire le triple donc s'il y en a un qui part à la retraite et bien c'est autant de patients qui se retrouveront le bec dans l'eau. La grande difficulté actuelle, c'est "je peux pas vous prendre en tant que médecin parce que j'ai trop de patients"", confie l'aide-soignant en EHPAD. 

 

Une pénurie de médecins spécialistes

 

Dans cette réunion, il y aussi des acteurs du milieu associatif comme Clémence Royer. Elle dirige le service France Terre d'Asile à Château-Gontier et les demandeurs d'asile qu'elle accompagne ont des difficultés pour accéder aux soins : "on accompagne une jeune fille qu'a un souci aux dents et pour qui on a d'importantes difficultés pour trouver un dentiste. Ce qui se passe c'est que la situation s'aggrave de jour en jour et plus on attend, plus la situation est lourde à prendre en charge". 

Avec cette pénurie de médecins spécialistes, des professionnels s'inquiètent pour la santé des patients du Sud-Mayenne, "il y a des retards qui sont pris dans les diagnostiques donc les patients ne sont pas diagnostiqués à temps. Ils arrivent avec des pathologies plus graves, c'est un vrai drame", explique le docteur Salvato de Château-Gontier. Et les chiffres de la Communauté de communes confirment la tendance, seulement deux dentistes pour 10 000 habitants ou deux à trois médecins spécialistes pour 10 000 habitants. 

 

Sur l'installation de médecin spécialisé, "c'est l'ARS qui décide" explique le Dr Salvato
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

La directrice du centre de vaccination de Château-Gontier est peu fataliste sur la question des spécialistes : "c'est l'ARS qui décide de l'installation des médecins et l'ARS n'était pas présente. C'est Monsieur Coiplet qui donne ou non son avis et qui signe ou non l'autorisation à un praticien spécialisé de s'installer à l'hôpital par exemple. Donc s'il nous retire un dermatologue et bien on a juste à dire merci monsieur". 

 

L'attractivité, la priorité numéro 1 

 

En préambule de cette réunion publique, Philippe Henry, maire de Château-Gontier-sur-Mayenne, est intervenu pour insister sur l'importance de la relation médecine hospitalière/ médecine de ville, "c'est nécessaire aujourd'hui pour attirer des salariés". Il a également appelé à redessiner l'organisation territoriale. Une proposition soutenue par l'ancien ministre Jean Arthuis : "essayons nous-mêmes de dessiner notre territoire, notre territoire, c'est celui de Segré [...] le Groupement hospitalier de territoire est mal foutu. Pour le Sud-Mayenne, il faut des consultations sur le Lion d'Angers qu'on se dirige vers le CHU d'Angers. Les habitants Laval et Mayenne vont eux plutôt vers le CHU de Rennes". En effet, 14,8 % des séjours à l'hôpital des habitants du Pays de Château-Gontier se font sur le CHU d'Angers. 

Parmi les autres propositions, le salariat des médecins généralistes, mais le Dr Nouri, président du Conseil médical d'établissement du centre hospitalier du Haut-Anjou n'est pas de cet avis : "ce n'est pas la bonne solution. On a déjà connu des mercenaires offrant leurs services aux territoires les plus offrants". Eric-Alban Girou, directeur de l'hôpital de Château-Gontier, porte un regard plus nuancé, "ce n'est pas la meilleure solution sur le long terme, mais c'est quelque chose qui doit être envisagé". 

 

EGS Chiot_15 03 22_AVC
Les participants ont échangé et émis des propositions sur diverses problématiques
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pascale Graindor milite pour le développement des maisons de santé et pluridisciplinaire. Pour elle, la construction d'une d'entre elles sur sa commune a tout changé, "j'en suis certaine aujourd'hui, elle nous a permis d'attirer un médecin, et même des kinés, des infirmiers et une psychologue". Mais avec un accompagnement humain, "est-ce qu'ils vont trouver une crèche, est-ce qu'ils vont trouver des loisirs, un système d'enseignement", ajoute l'élue de Chemazé. Enfin, l'assemblée était d'accord pour redonner davantage d'ambition aux jeunes mayennais pour faire des études de médecine afin qu'il puisse revenir en Mayenne. D'ailleurs, deux jeunes médecins représentaient dignement cette nouvelle génération. 

Un Livre blanc, avec les contributions en ligne et les propositions faites lors des réunions publiques et séminaires, sera présenté ce mercredi soir à 20h à l'Espace Mayenne pour la réunion de clôture de ces Etats généraux.