Laval. De nouveaux locaux pour la Citad'Elle, qui accompagne de plus en plus de femmes victimes de violences

L'accueil de jour la Citad'Elle vient d'inaugurer ses nouveaux locaux, plus grands et plus confidentiels, au 3 rue Oudinot à Laval. Sa mission : coordonner le parcours de sortie des violences des femmes et des enfants, avec des professionnelles de plus en plus sollicitées.

5 décembre 2023 à 17h51 par Marie Chevillard

Inauguration nouveaux locaux Citad'Elle Laval_28 11 2023_Marie Chevillard
Alexandra Peigner, Sophie Vaillant, Sandrine Silmar et Violaine Nouzarède, de la Citad'Elle à Laval.
Crédit : Marie Chevillard

Une salle d'ateliers pour les enfants, un salon plus grand, et des bureaux pour chacune des trois professionnelles. Situés au 3 rue Oudinot à Laval, les nouveaux locaux de l'accueil de jour la Citad'Elle permettront aux femmes accueillies de sentir un peu plus "comme à la maison", espèrent les éducatrices spécialisées. Créé en 2009, la Citad'Elle est l'accueil de jour qui coordonne le parcours de sortie des violences des femmes et des enfants en Mayenne. L'an dernier, elle a accompagné 700 femmes et enfants victimes de violences intrafamiales.

Un chiffre en constante augmentation, qui peut s'expliquer par plusieurs raisons : "la libération de la parole, oui, mais je pense aussi qu'il y a une reconnaissance des violences autres que physiques, pointe Violaine Nouzarède, responsable du pôle prévention-protection et de la Citad'Elle. Les violences psychologiques, sexuelles, économiques, se font valoir aujourd'hui d'un point de vue juridique. On identifie aussi la cyber violence : des maraudes numériques se mettent en place pour identifier cette violence sur internet. On est en constante évolution dans nos pratiques."

 

Des financements pour des nuitées d'hôtel

 

Malgré une évolution des moyens, ils restent encore insuffisants pour Violaine Nouzarède. "On a démarré à trois places d'hébergement d'urgence, on est monté à sept il y a deux ans, et aujourd'hui, à dix places. Mais on en aurait besoin quasiment du double. Ce sont des hébergements collectifs, diffus, qui accompagnent les femmes sous des contrats de 15 jours renouvelables, jusqu'à ce qu'il y ait un départ possible.". Et si aucun de ces logements n'est disponible ? "On a aussi des financements de l'Etat et de la CAF concernant les nuitées d'hôtel, puisqu'une femme est forcément mise à l'abri. Mais ça reste très précaire. L'idée, c'est d'envisager, toujours dans un dialogue avec l'Etat et la CAF, peut-être d'augmenter les places d'hébergement d'urgence au fur et à mesure des années." 

Violaine Nouzarede "On a dix places d'hébergement d'urgence, mais ça reste très précaire"
Crédit : Marie Chevillard

Quatre places de logement temporaire sont également proposées. Objectif : se réhabituer au quotidien, pour ensuite accéder à un logement durable. Mais les missions de la Citad'Elle ne se limitent pas à la mise à l'abri : les deux éducatrices spécialisées et la psychologue accompagnent les victimes au niveau judiciaire (dépôt de plainte, procédure pénale, rencontre avec médecin légiste pour constater les blessures physiques...) mais aussi pour leur reconstruction psychologique. Ce qui leur permet ensuite de les aider pour d'autres changements : la scolarisation des enfants, le travail, le déménagement...

Mais la responsable de l'accueil de jour aimerait aller plus loin. "On pourrait avoir à nos côtés une infirmière, peut-être un psychiatre aussi, des médecins ; être entourées par des professionnels de la prévention sexuelle... Aujourd'hui, mes collègues sont trois pour couvrir un département entier. Elles sont sous l'eau constamment, elles n'arrêtent pas de se mobiliser."

Violaine Nouzarède "Mes collègues sont sous l'eau constamment"
Crédit : Marie Chevillard

Une nouvelle aide financière d'urgence

 

Un nouveau dispositif pour les victimes de violences, voté par le Parlement, est en place depuis le 1er décembre. Elles peuvent bénéficier d'une aide financière d'urgence d'un montant de 600 euros en moyenne, versée par les caisses d’allocations familiales. Un soutien bienvenu, mais difficile à solliciter sur le terrain, estime Violaine Nouzarède. "On est encore sous conditions d'éligibilité. Dans ces conditions, on a le dépôt de plainte, qui n'arrive jamais dans l'immédiateté des faits ; l'ordonnance de protection, je crois qu'en Mayenne on doit être à trois ordonnances l'année ; et le signalement du procureur de la République, mais encore faut-il déclarer les violences. Je suis un peu sceptique : je trouve qu'un financement minimum, oui c'est une bonne idée, mais on a toujours ces petites lignes qui me dérangent un peu. Quelquefois, on est un peu hors-sol."

Violaine Nouzarède "Parfois, on est un peu hors-sol"
Crédit : Marie Chevillard

En Mayenne, les professionnels soulignent aussi l'importance de la prise en charge des auteurs de violences, avec le CPCA (Centre de Prise en Charge pour les Auteurs de violences conjugales) créé il y a deux ans.

La Citad'Elle à Laval est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 17h, et joignable au 02 43 53 15 23. Des permanences ont aussi lieu deux fois par mois dans les espaces France services à Ernée, Meslay, Evron, Craon et Loiron.