Laval. "La mort à petit feu des élevages français" : les agriculteurs en colère

Au lendemain des panneaux des communes mayennaises bâchés, les agriculteurs ont mené une deuxième journée d'action à Laval, à la suite de l'appel de la FDSEA 53 et des Jeunes Agriculteurs 53.

Publié : 19 novembre 2024 à 16h53 - Modifié : 20 novembre 2024 à 11h18 par Pierre-Louis Besnier

Les agriculteurs dénoncent le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.
Les agriculteurs dénoncent le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.
Crédit : Pierre-Louis Besnier

Hier, dès 16 heures, le Pont de l'Europe à Laval était bloqué par les agriculteurs et un dispositif de sécurité a été mis en place. Sur le quai Béatrix de Gâves, les véhicules ne peuvent plus emprunter le pont, comme ils en ont l'habitude. Sur un tracteur, une banderole accrochée où il est inscrit : "Nous défendons vos assiettes. Non au Mercosur". Et une deuxième banderole également visible sur le Pont de l'Europe avec écrit "Moins de paperasse, plus de compétitivité pour notre agriculture française !"

"Passer un message au gouvernement pour éviter les dérives"

Ils étaient une cinquantaine d'agriculteurs à se mobiliser hier sur le Pont de l'Europe, à l'appel de la FDSEA 53 et des Jeunes Agriculteurs 53. Ils dénoncent le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur. "Aujourd'hui, le but est de faire passer un message de manière pacifique au gouvernement, pour éviter les dérives de signer des accords qu'on ne souhaite pas et qui provoquerait la mort à petit feu des élevages français", explique Hervé, jeune agriculteur mayennais. Selon lui et étant positionné à cet endroit, l'objectif est de également de "faire passer le message aux citoyens que s'ils veulent continuer à manger français, il faut absolument éviter cette signature d'accord avec le Mercosur"

"Cet accord provoquerait à petit feu la mort des élevages français"
Crédit : Pierre-Louis Besnier

Des actions basées sur la symbolique

La première action des agriculteurs mayennais a commencé dimanche, où des panneaux de communes ont été bâchés pour protester contre les accords avec le Mercosur. Pour la président de la FDSEA 53, Florent Renaudier, "c'est la symbolique de bâcher ces panneaux, en disant qu'aujourd'hui, on n'a plus de cap. Et si l'accord avec le Mercosur est signé, on enlève tout cap à l'agriculture française et européenne. Donc c'était surtout sur la symbolique que si les automobilistes n'ont plus de panneaux et de caps, ils seront perdus. Et dans l'agriculture, c'est la même chose"

Mais alors pourquoi le Pont de l'Europe ? "Car c'est bien l'Europe qui est à l'initiative des différentes signatures. C'est la symbolique en Mayenne et je crois qu'on est trois villes en France a être sur le Pont de l'Europe. Et c'est donc très important de montrer le message aux yeux de l'Europe, et au-delà du Président de la République, Emmanuel Macron qui est partie au G20 pour finaliser ou non les accords avec le Mercosur", poursuit Florent Renaudier. 

C'était la symbolique de bâcher les panneaux et de se rendre sur le Pont de l'Europe à Laval"
Crédit : Pierre-Louis Besnier

Souci de trésorerie, simplification des contrôles et OFB

L'accord sur le libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur étant le sujet principal de cette mobilisation, d'autres soucis inquiètent les agriculteurs et syndicats. Tout d'abord, il y a le souci de trésorerie sur les exploitation céréalières : "Il y a des aides qui sont annoncées, donc maintenant il faut avoir le cap. Et surtout se demander quelle exploitation faut-il prioriser pour ces aides financières", détaille le président de la FDSEA 53. Il y a également "le souci autour de la simplification des contrôles et on reste attentif à cela, pour qui, comment, pourquoi et dans quel cadre. On a un certain nombre de demandes et d'échanges à avoir là-dessus". Enfin il y a le sujet de "l'OFB (Office Française de la biodiversité) qui est un sujet pour nous en Mayenne, avec ces militants qui viennent contrôler nos exploitations, nos champs, nos haies sans nous demander l'autorisation. On ne veut pas qu'ils jouent ce rôle de cow-boy avec leur pistolet à la ceinture. Les gendarmes et policiers ont des organes de contrôle,contrairement à l'OFB. Et nous demandons qu'une organe soit mise en compte pour elle. Certes, il y a des agents qui font leur travail, mais il y en a d'autres qui sont surtout des militants", conclut Florent Renaudier

Á 19h45, un "feu de la colère" a été allumé square de Boston par les agriculteurs. Ils ont levé le camp vers 21 heures. Au total, une dizaine de tracteurs étaient mobilisés. La semaine prochaine, un forum d'installation de transmission aura lieu le jeudi 21 novembre à la Chambre de l'agriculture à Laval. Par ailleurs, le député mayennais Yannick Favennec apporte son soutien aux agriculteurs sur le réseau social X. Il cite que "le gouvernement doit reprendre d'urgence la discussion sur le projet de loi agricole, interrompue par la dissolution". Le mouvement est également soutenu par Joël Balandraud, président de l'AMF 53 (Association des maires de France en Mayenne) et vice-président de l'AMF. Sur son compte X, l'AMF 53 estime que "La France doit être fière de ses agriculteurs ! Joël Balandraud alerte sur l'urgence à faire de l'agriculture française une priorité nationale"

"On ne veut pas qu'ils jouent un rôle de cow-boy avec un pistolet sur la ceinture"
Crédit : Pierre-Louis Besnier