Pays de Château-Gontier. Manque d'investissement, problèmes d'organisation, que se passe t-il au conservatoire ?
Des professeurs ont lancé un appel à la grève au conservatoire du Pays de Château-Gontier. Ils regrettent un manque d'investissement pour attirer de nouveaux élèves et dénoncent une organisation friable. Philippe Henry, président de la collectivité, répond. Une réunion est prévue le 9 juillet.
Publié : 4 juillet 2025 à 9h48 - Modifié : 4 juillet 2025 à 9h56 Alexis Vellayoudom
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Au conservatoire du Pays de Château-Gontier tout ne serait pas réglé comme du papier à musique. La semaine dernière, les agents territoriaux d’enseignements artistiques et les professeurs d’enseignement artistique ont déposé un préavis de grève. Le syndicat UNSA regrette un manque d’investissement de la part de la collectivité, mais aussi des problèmes d'organisation et de management. Contacté, le maire Philippe Henry a tenu à répondre à ces remarques point par point.
Un manque d'investissement pour attirer de nouveaux élèves ?
Principal point de désaccord entre agents et collectivité, l'investissement sur le service. Selon les grévistes, le Pays de Château-Gontier a pris du retard dans le développement et le rayonnement du conservatoire par rapport à d'autres collectivités. "À Mayenne, on a une ville équivalente avec des dynamiques différentes. Le Nord-Mayenne déborde d'élèves. On peut dire ce n'est pas le même territoire, il y a eu la Covid d'accord. Sauf que les effectifs à Mayenne augmentent. Il n'y a pas de manque d'investissement. Il y a pas de défaut d'élèves, de fermerture de cours", déplore François Soton, agent territorial d’enseignements artistiques et délégué SNEA-Unsa.
Il note la sortie de terre d'antenne des conservatoires sur le Pays de Craon et Mayenne Communauté. "Chez nous, on a une école uniquement basée à Château-Gontier. On se rend compte qu'il y a un manque d'investissement. Pourquoi il n'y a pas une belle salle de musiques actuelles, un bâtiment qui sort sur une autre commune, des choses qui permettent l'accessibilité. Et je ne vous parle pas du parc instrumental qui nécessite des investissements neufs pour que les parents n'aient pas à réinvestir 800 € à 1 500 € dans un instrument quand leurs enfants grandissent et que les instruments ne sont plus adaptés."
En face, Philippe Henry, président du Pays de Château-Gontier, rappelle que la collectivité consacre un budget de 2,4 millions d'euros à l'action culturelle, avec notamment des travaux sur le cloître des Ursulines, la Scène nationale du Carré. Sur ce budget, 850 000 € sont fléchés au conservatoire. "C'est un budget qu'est supporté à 25 % par les familles, ensuite, c'est du reste à charge pour la collectivité", détaille le maire. Sur la partie bâtie, il admet l'absence d'investissement en dur, mais la collectivité a pris une autre voie. "On a investi sur la jeunesse et on a décentralisé. Il y a des initiations dans toutes les écoles. On propose des classes orchestres au collège avec une continuité sur le lycée. On soutient les fanfares du territoire avec des mises à disposition."
Aujourd'hui, il avance un retour des effectifs à l'avant-covid. "Il faut comparer ce qui est comparable. Certes, on a qu'un bâtiment à Château-Gontier, mais notre histoire est différente du Pays de Craon où il y a 3 pôles historiques, du Bocage Mayennais où c'est difficile d'avoir un pôle central. Historiquement, chez nous, les gens viennent à Château-Gontier. Notre géographie est différente. Je ne peux pas ouvrir un bâtiment à Saint-Denis d'Anjou", lâche Philippe Henry.
Informations non transmises et suppressions de cours
Parmi les plaintes des agents en grève, figurent aussi des problèmes d'organisation et de management. L'UNSA dénombre la fermeture de plusieurs pratiques collectives comme le cours d'orchestre à cordes sur les niveaux intermédiaires et confirmés, ainsi que l'arrêt des stages d'orchestre symphonique avec les autres conservatoires du Sud-Mayenne, et observe un turn-over incessant des enseignants. "Il y a des titulaires en sous-service parce qu'ils leur manquent des élèves. J'ai des collègues contractuels qui sont partis parce qu'on leur a pris des heures pour les redistribuer aux titulaires pour pas qu'ils soient sans travail", décrit François Soton. Selon lui, sur les 4 dernières années, en moyenne, cinq professeurs ne font qu'un ou deux ans de contrat au Pays de Château-Gontier. "Il y a quelqu'un qu'est venu et qui a quitté l'Île-de-France. Une personne avec une compétence rare qu'est l'accompagnement piano, c'est tout-terrain. Il est resté deux mois avant de repartir en Île-de-France alors qu'il ne voulait plus y aller. Il était en désaccord avec la direction de l'établissement pour des problèmes d'organisation", confie l'enseignant.
Sur l'organisation, il y a, selon les grévistes des "informations qui ne sont pas relayées aux parents". "Il faut savoir qu'on a de moins en moins l'autorisation pour communiquer avec les parents. Il faut toujours que ça passe par un canal administratif, mais comme l'information se perd en route. Il y a une espèce de climat de suspicion qu'on regrette." Une trentaine de témoignages de parents auraient été récoltés.
Sur ce point, Philippe Henry reconnaît parfois des difficultés : "Il faut savoir qu'en cours d'année, comme dans les entreprises, on fait face à des départs pour diverses raisons. On a du mal à les remplacer. D'abord, parce qu'il faut que les plannings concordent. Souvent, ces enseignants travaillent aussi pour d'autres collectivités. Chaque enseignant à sa spécialité et ce n'est pas toujours facile à trouver. Et puis, il faut aussi jongler avec la demande des élèves. Parfois, il y a des instruments à la mode, d'autres non. On ne va pas engager des CDI alors que potentiellement, il y aura moins de demande l'année suivante". Au total, selon l'élu, sur 30 intervenants, deux ne seront pas renouvelés à la fin de l'année et une personne est sur le départ.
Des rencontres au mois de juillet
Enfin, le dernier point concerne le comportement du chef de service. Un agent affirme avoir constaté des "propos déplacés en face d'élèves en condition pédagogique". Un fait remonté à la direction qui a fait l'objet d'un compte-rendu, puis d'une réunion. "J'ai demandé à la supérieure de mon service de faire quelque chose et la réponse a été plus que décevante", explique l'agent. Hier, le président du Pays de Château-Gontier a assuré que le dossier est en cours. "On va faire ce qu'on a à faire. On va rencontrer la personne." Quant aux grévistes, Philippe Henry prévoit de les rencontrer courant le mois de juillet avec son directeur des services "pour voir ce qui peut être amélioré".