Maine et Loire

Segré-en-Anjou Bleu. Une opération pour attirer de nouveaux commerçants et remplir les locaux vides

Comme en 2019, Segré-en-Anjou Bleu réitère l'opération Entreprendre en partenariat avec la CCI du Maine-et-Loire. Les élus veulent attirer de nouveaux commerçants, dynamiser les centres-bourgs et remplir les locaux vides.

Publié : 16 mai 2025 à 12h52 - Modifié : 19 mai 2025 à 21h03 Alexis Vellayoudom

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Nadège Gomez fait partie des nouveaux commerçants installés récemment à Segré-en-Anjou Bleu
Crédit : Alexis Vellayoudom

Il n'est pas rare si vous arpentez les campagnes en voiture de ne plus voir de commerces dans les petites communes. Et pour les villes moyennes, le risque, c'est de voir les centres-villes se dégarnir. C'est ce que veut éviter Segré-en-Anjou Bleu. Alors comme en 2019, la commune nouvelle se lance dans l'opération Entreprendre menée conjointement par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Maine-et-Loire et La Maison de la Création et de la Transmission d'entreprises. 

 

Une quinzaine de locaux vacants

 

"Maintenant, nous avons une rue Pasteur accueillante, des commerces disponibles pour accueillir de nouveaux commerçants", se réjouit Gilles Grimaud, élu d'Anjou Bleu Communauté, en charge du Commerce. Une sorte de top départ pour cette opération de marketing territorial comme la décrit la CCI. "L'idée, c'est de redynamiser. Il y a des commerces qui viennent de s'installer. On veut refaire vivre les rues", explique Raja El-Mardi, conseillère d'entreprise. Pour ça, la CCI a d'abord réalisé une radiographie du territoire. Depuis 2020, la commune nouvelle a enregistré la venue de 12 commerces supplémentaires, mais c'est le pôle Segré - Sainte-Gemmes d'Andigné qui concentre le principal de l'activité.

 

Pourquoi cette opération ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Aujourd'hui, une quinzaine de locaux sont vacants sur ce secteur et sept commerçants sont à la recherche de repreneurs. C'est le cas par exemple de Coralie Boutique, la Boulangerie Gabillard ou Patricia Coiffure. "À Segré, il y a un turn-over naturel qui se fait dans le commerce et les rues", note Raja El-Mardi. "Aujourd'hui, le commerce, c'est différent. Il y a une vingtaine d'années, les commerçants ne bougeaient et c'était les enfants qui succédaient aux parents. On est dans une nouvelle offre commerciale avec des commerces qui sont plus éphémères pour certains, mais il reste aussi des commerces durables", ajoute Gilles Grimaud. Près d'un tiers de ces commerces mettent tout de même en moyenne 4 ans ou plus pour retrouver quelqu'un selon une étude réalisée par la Chambre de Commerce. Un autre tiers trouve un repreneur en moins d'un an. 

 

Un manque de service à la personne

 

Alors pour trouver ces nouveaux commerçants, la CCI a fait marcher son réseau. Un mail à tous les porteurs de projets du Nord de l'Anjou, mais aussi plusieurs réunions. Les propriétaires des locaux ont tous été contactés. L'idée, c'est d'inciter des gens à s'installer à Segré, une visite de la ville sera organisée avec les candidats le 13 juin. "Il faut dépoussiérer un peu l'image de la ville et lutter contre les idées reçues. On va déambuler dans les rues de Segré, aller en voiture sur les autres communes où il y a des locaux vacants ou cédants à rencontrer. On veut les mettre dans le bain immédiatement. On aimerait que les gens aient des coups de cœur", souligne Delphine Bazanté, responsable des Maisons de la Création et du service Transmission entreprises à la CCI du Maine-et-Loire. "Le Segréen est un territoire attractif qui peut vivre sur lui-même. Ici, vous avez tous les services publics, l'accompagnement scolaire, de santé. Il y a de la culture, du cinéma et un panel d'activités sportives", souligne Gilles Grimaud.  

 

Comment va se passer l'opération entreprendre ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Et en termes d'activité commerciale, la commune peut aussi se targuer d'avoir une offre diversifiée, mais selon l'ancien maire, il y a un manque du côté du service et de l'équipement à la personne. Selon l'étude réalisée par la CCI, ces secteurs représentent 23 % et 6 % des commerces de moins de 300 m². Les activités de beauté, santé, mais aussi culturelles, sont aussi moins représentées. "Dans les porteurs de projets qu'on a déjà détectés, on a quelqu'un qui souhaite installer une épicerie, un foodtruck et aussi des professions médicales en paramédicales", détaille Delphine Bazanté. 

 

"Il y a beaucoup de monde qui passe. Ça fait venir dans la rue"

 

Pour faire la promo du commerce à Segré, la CCI a décidé de miser sur trois commerçants installés récemment. C'est le cas de Nadège Gomez et son conjoint. En octobre dernier, ils ont ouvert leur librairie-mangas O'Fuda dans la rue Pasteur. Les passionnées peuvent y retrouver plus 5 000 références de mangas, mais aussi des figurines, des Warhammer à peindre, des jeux de société et des produits dérivés. L'idée a germé pendant plusieurs années avant de lancer une étude de marché. "On a distribué des questionnaires où on demandait si les personnes du coin étaient intéressées par l'ouverture d'une librairie. Qu'est-ce qu'ils lisent, leur budget, les séries qu'ils aiment ? Sur 3 000, on a reçu 250 réponses. D'après La Poste, c'est un 1 pour 1 000 le taux de réponse. Ça nous a aidé à monter notre business plan", se souvient Nadège.

Le couple n'est pas originaire de Segré, mais n'a pas hésité à sauter le pas. "Ça nous arrivait de vendre des mangas qu'on avait en double et les personnes nous disaient qu'ils n'aiment pas aller dans les grandes villes, ça fait loin. Ils n'aimaient pas commander sur Internet et cherchaient les sensations du toucher. On s'était dit pourquoi pas ouvrir sur Segré. On est vraiment au milieu de Nantes, Angers, Rennes. J'ai des personnes qui viennent de Château-Gontier, Craon, Le Lion d'Angers." Aujourd'hui, ils sont "très contents" de leur activité et la rue Pasteur revit selon la jeune commerçante : "Il y a beaucoup de monde qui passe. Ça fait venir dans la rue et les gens disent "oh ba tiens, il y a le coiffeur, une onglerie, la photographe, un restaurant asiatique". Le barbeur qui vient d'ouvrir quand j'arrive au boulot le matin, il y a du monde avant même que ça ouvre". Le point qui pourrait être amélioré selon la commerçante la piétonnisation de la rue pour "sécuriser, car ça roule très vite". Le sujet est en débat au sein de la mairie. 

Les personnes intéressées pourront aussi participer à webinaire le mardi 20 à 18h30. La CCI et la commune prévoient ensuite de faire visiter les locaux et le centre-ville aux porteurs de projets le 13 juin.