Transport à la demande en Mayenne : on vous explique pourquoi le service est (toujours) suspendu
Les usagers ne peuvent plus réserver de trajets Aléop à la demande en Mayenne depuis le 1er septembre. En cause, un litige entre le Conseil régional et l’un de ses prestataires à l’échéance des marchés publics de plusieurs services de transports collectifs dans le département.
Publié : 23 septembre 2022 à 20h00 - Modifié : 23 septembre 2022 à 20h30 par Coralie Juret
Trajets annulés, prise de réservation suspendue… le transport Aléop à la demande est aux abonnés absents depuis le 1er septembre en Mayenne. Précédemment attributaire de ce marché public désormais géré par le Conseil régional, Titi Floris n’a pas été reconduite en raison de la hausse de ses tarifs sans qu’une autre entreprise ne prenne le relais.
“Ce contrat n’a pas pu être bouclé dans les temps avec la société Titi Floris notamment parce que la société a décidé de multiplier ses prix par quatre, ce qui n‘est pas acceptable pour la Région”, justifie son vice-président en charge des transports. “Pour le moment, on est en train de chercher d’autres prestataires”, indiquait Roch Brancour le 8 septembre dernier.
Le service est encore suspendu jusqu’au 1er octobre selon la SCOP nantaise, qui s’explique sur la révision de ses tarifs de 100 000€ à 400 000€. “L’offre de Titi Floris le 5 septembre a été réévaluée financièrement pour tenir compte de la précarité du marché « bouche-trou », durée de 4 mois, les pertes liées à la suspension, les risques de non-transfert de personnel et de fin de contrat, l’immense complexité de faire tourner 30 véhicules après novembre sans qu’il soient sur le terrain”, précise le PDG Boris Couilleau, car les conducteurs assuraient aussi le transport des élèves en situation de handicap, marché attribué cet été à d’autres prestataires.
“Ubérisation” du service
Selon l’élu Roch Brancour, c'est la perte du marché public du transport adapté qui a poussé Titi Floris à multiplier ses tarifs par quatre, en marge de l'inflation. “Peut-être qu’il y a des raisons qui justifient une augmentation des coûts, ça je ne le conteste pas, mais en revanche ça ne peut pas justifier une multiplication par quatre des coûts, il n’y a pas eu une augmentation telle”.
Une réaction qui suscite la colère de Boris Couilleau. “Le cahier des charges qui verse vers l’uberisation risque de générer de nouvelles difficultés”, estime le dirigeant de Titi Floris. “De l’incompréhension pour les usagers qui vont se voir limiter dans leurs habitudes. Une nouvelle offre qui limite le porte à porte et qui favorise les rabattements vers les points d’arrêts sur une amplitude très importante de 7h à 19h. Des entreprises et salariés à qui on demande une hyper flexibilité tout en ne payant que les kilomètres réalisés”. Et la situation inquiéterait aussi les salariés, transférables automatiquement s’ils sont affectés à plus de 65% sur le service. Avec le transport adapté et le transport à la demande, ils cumulaient un nombre d’heures important avec plusieurs temps partiels.
"Solution transitoire" pour les urgences
En août, Titi Floris avait proposé un avenant de 5 mois aux conditions du marché avec actualisations tarifaires, en attendant de nouvelles consultations qui ont démarré le 2 septembre, après la suspension du service. Faute d’accord sur le prix, le service est toujours suspendu. “Nous sommes en train de trouver pour le court terme une solution avec d’autres transporteurs, nous l'espérons, qui permettront de rétablir le service le plus rapidement possible, et en parallèle de lancer une nouvelle consultation à laquelle tout le monde pourra répondre y compris la société Titi Floris”, expliquait le vice-président de la Région il y a deux semaines.
Ce vendredi soir , la Région annonce "un service exceptionnel et transitoire de taxi, pris en charge par la Région, mis en oeuvre à compter du 10 octobre" pour répondre à l'urgence. "Ce service, réservé aux personnes en situation de fragilité ou d’isolement, permettra de limiter l’impact de rupture de service en attendant la notification du nouveau marché en janvier 2023". Ce service ouvert à compter du 10 octobre s’adresse aux personnes isolées, fragiles ou âgées qui souhaitent se rendre à un rendez-vous médical ou faire leurs courses alimentaires. Les trajets devront être dans le même périmètre que celui défini pour le transport à la demande et sur les mêmes plages horaires. La réservation devra être faite au plus tard 72 heures avant la course en appelant, du lundi au samedi de 8h à 17h, le 0 806 800 053. "Je regrette cette situation qui ne nous permet pas de proposer le service de transport à la demande en Mayenne habituel mais il nous parait indispensable de répondre aux besoins urgents dans un premier temps. La Région fait appel aux entreprises de taxi pour transporter les personnes les plus vulnérables et prendra totalement en charge le coût de la course", précise Roch Brancour, vice-président de la Région en charge des transports.