Urgences. « Fermer à Château-Gontier et Mayenne ne va strictement rien régler », estime le Dr Nouri

Président de la commission médicale et soignante au centre hospitalier du Haut-Anjou, le Dr Mohammed Nouri a réuni les médecins et soignants des urgences : ils ne quitteront pas Château-Gontier pour Laval. L’Agence régionale de santé projette de concentrer les moyens sur l’hôpital centre en cas de pénurie de médecins urgentistes pour assurer les nuits en Mayenne.

15 décembre 2023 à 11h57 par Coralie Juret

Le Dr Mohammed Nouri préside la Commission médicale et soignante du Centre hospitalier du Haut-Anjou
Le Dr Mohammed Nouri préside la Commission médicale et soignante du Centre hospitalier du Haut-Anjou
Crédit : CJ

Il n’est pas question de fermer les urgences de nuit de Château-Gontier et Mayenne. C’est le démenti de l’Agence régionale de santé vendredi 8 décembre au soir, alors que le bruit courait depuis plusieurs jours. Face à la pénurie de médecins urgentistes et anesthésistes, l’ARS assure la nécessité de maintenir au moins deux services d’urgences la nuit dans le département, et de concentrer les moyens sur Laval le cas échéant.

 

Plusieurs articles publiés ce jour mentionnent une volonté de l’ARS de fermer la nuit les urgences des CH de Château-Gontier et de Mayenne au profit d’une ouverture unique sur le site des urgences du CH Laval.

Nous souhaitons réagir à cette fausse information. En effet, l’ARS n’a aucune volonté de fermeture des urgences dans le département de la Mayenne. L’ARS souhaite néanmoins une organisation des urgences coordonnée entre les 3 établissements.

Dans un souci de sécurisation de la prise en charge des patients, il est nécessaire, en cas de manque de médecins, qu’au moins deux services d’urgences sur les trois du département de la Mayenne puissent être ouverts la nuit.

Si ce n’est pas possible faute de personnels suffisants, le CH de Laval, étant géographiquement central et ayant le plateau technique le plus développé, est naturellement le site où les services d’urgence doivent rester en priorité ouverts. Il s’agit donc d’organiser un travail d’anticipation et de coordination des plannings entre les 3 établissements.

L’objectif pour l’ARS demeure avant tout l’ouverture des 3 services d’urgence en permanence. 

Communiqué de l'Agence régionale de santé des Pays de la Loire, vendredi 8 décembre

 

Au centre hospitalier du Haut-Anjou, le président de la Commission médicale et soignante (CMS) craint une fuite des médecins et un impact sur la dynamique de l’hôpital sud mayennais. Ses médecins urgentistes l’ont dit en réunion lundi 11 décembre : ils ne quitteront Château-Gontier.

Depuis 30 ans ils assurent des astreintes opérationnelles, et pas des gardes pour ne pas gaspiller du temps médical, explique le Dr Mohammed Nouri. Fermer leurs urgences de nuit ferait donc disparaitre le dernier médecin sur place, et Laval n’y gagnera rien, selon le médecin anesthésiste.

Dr Nouri : « nos médecins urgentistes ne quitteront pas Château-Gontier »
Crédit : Coralie Juret

 

Un management « pas digne » de l’ARS

 

Cette décision de réorganisation des urgences mayennaises doit être concertée comme s’y était engagée l’ARS, estime le Dr Nouri, pour éviter « la cacophonie de cet été » et « la maltraitance des personnels ».  Les informations distillées par l’Agence régionale de santé sur le fonctionnement des urgences l’ont mis « un peu en colère » : elles génèrent un stress chez les personnels, constate le président de la CMS.

Dr Nouri : « ce n'est pas un jeu, derrière on a des êtres humains »
Crédit : Coralie Juret

Pour le Dr Nouri, il faudrait plutôt explorer la piste d’une délocalisation du SAMU 53 au CHU d’Angers, comme le préconisait le rapport Savary en 2021, pour dégager des ressources médicales rapidement.

Dr Nouri : « transférer la régulation médicale dégagerait pas loin d’une dizaine de médecins »
Crédit : Coralie Juret

De son côté l’hôpital de Château-Gontier est en train de renforcer ses équipes médicales. Il va aussi mettre en place des urgences pour la petite chirurgie.