Urgences de Laval : Qui veut la peau de Caroline Brémaud ?

La médiatique cheffe des urgences de Laval a été destituée de ses fonctions au 1e décembre. Des associations d’usagers, syndicats et politiques montent au créneau pour dénoncer une éviction destinée à museler celle qui raconte le quotidien d’un hôpital public en grande souffrance.

5 décembre 2023 à 11h47 - Modifié : 5 décembre 2023 à 12h06 par Coralie Juret

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Caroline Brémaud, ancienne cheffe du service des urgences, en septembre 2022 à l'hôpital de Laval.
Crédit : Alexis Vellayoudom

Caroline Brémaud n’est plus cheffe des urgences de l’hôpital de Laval. La médecin urgentiste a été démise de ses fonctions vendredi 1e décembre, dans le cadre d’une « réorganisation qui vise à fluidifier le parcours patient », assure le directeur de l'hôpital dans les colonnes d'Ouest France. C'est l'actuel responsable du SAMU qui prend la direction conjointe des urgences, et il ne sera pas seul assure encore l'hôpital.

Mais la mise à l'écart de la médiatique Caroline Brémaud fait bondir les associations d'usagers et militants... « Une sanction pour avoir défendu notre accès aux soins », écrit Esther sur X, « à dénoncer » pour le Collectif santé en danger, « l'hôpital s'effondre et on fait payer ceux qui le dénoncent ! » écrit Audace 53. Depuis deux ans, la Dr Brémaud témoigne sans filtre de son quotidien aux urgences du principal hôpital mayennais, entre manque de moyens et épuisement des soignants... bien loin des discours officiels prônant l’attractivité de la Mayenne, « injustement » qualifié de 3e désert médical de France.

 

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« Le droit d’expression de tous est un devoir quand le système sanitaire s’effondre dans une indifférence coupable »

 

Une liberté prise sur son devoir de réserve qui n’a pas plu, estiment six syndicats et organisations, l'Association des médecins urgentistes de France, Action praticiens hôpital, Santé en danger, le Collectif inter-hôpitaux, Samu-Urgences de France et SNPHARE dans un communiqué commun lundi 4 décembre.

Unis pour défendre leur collègue mayennaise, ils dénoncent « une stigmatisation des lanceurs d'alerte » et des « manœuvres d’intimidations ou de stigmatisations de la part d’une gouvernance ou de tutelles parfois déviantes et inhumaines », ciblant sans les nommer l'administration de l’hôpital de Laval et l’Agence régionale de santé. Les syndicats indiquent « soutenir tous les mouvements qui s'attaqueront à cette ignominie ». « Nous allons ensemble faire le nécessaire pour que justice soit rendue au Docteur Caroline Brémaud ».

Ce dimanche 3, l’ancienne sénatrice PCF du Val-de-Marne Laurence Cohen a aussi pris la plume pour « alerter » le ministre de la Santé Aurélien Rousseau et lui demander d’intervenir « contre une décision injuste et contre-productive ». L’ancienne parlementaire avait rencontré et auditionné Caroline Brémaud dans le cadre d’une commission d’enquête sénatoriale sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France l’an dernier. « Ses propos […] avaient été d’un grand apport pour la qualité de nos travaux », confie-t-elle à Ouest France.

 

Une pétition et une mobilisation en préparation

 

Les soutiens de Caroline Brémaud ne comptent pas en rester là. Depuis ce mardi 5 décembre une pétition est en ligne sur le site Change.org pour réclamer « que soit levée la sanction totalement injustifiée qui est lui est imposée ». Une manifestation va aussi s’organiser dans les prochains jours.