Vendée Globe 2024. Sans assez de nourriture à bord, comment Fabrice Amedeo a-t-il tenu ?

Fabrice Amedeo est arrivé en dansant sur les pontons des Sables d'Olonne en lâchant les forces qu'il lui restait. Totalement requinqué par son arrivée, ses retrouvailles avec ses proches et la foule du chenal, le Segréen a savouré. Mais l'homme était en mode batterie faible. En personne rompue à l'exercice, l'ancien journaliste a donné le change, répondu aux questions de la presse et amusé l'assemblée. En revanche, plusieurs fois, il a perdu le fil des questions... Sois parce qu'il était engagé dans de longs monologues (très intéressants), soit parce que Fabrice Amedeo était exténué.

La faute à 114 jours de mer, mais aussi à une sous-alimentation depuis plusieurs semaines. "Je suis parti avec 90 jours de nourriture à 100 %. J'avais dit : 'je veux 10 jours en plus parce que je vais mettre entre 90 et 100 jours'. Donc j'avais en fait 90 jours à 100 % avec des petits déjs, des céréales ou des choses comme ça. Déjeuner, dîner en lyophilisée et puis des encas, des barres de céréales." Les calculs ne sont pas bons Fabrice. Le skipper a d'abord dû piocher dans ses réserves avant de se rationner. 

Un apport calorique plus faible que prévu

Un rationnement qui l'a conduit a un apport calorique plus faibles que ce qu'il lui aurait fallu. "J'ai calculé, j'étais à peu près à 1 800-2 000 calories-jours. Sachant qu'en étant sédentaire, je dois être à 2 500 minimum. Dans les mers du Sud, plutôt à 5 000 calories jours."

Après le Cap Horn, Fabrice Amedeo n'a mangé que des plats lyophilisés. Plus de petits-déjeuners sucrés qui régalent les papilles et esquissent un sourire dans les journées de molles et de grisailles. "Heureusement, l'équipe avait mis un tout petit peu plus de lyophilisées, commente le skipper Nexans-Wewise. J'avais un petit peu plus, mais c'est vrai que ce n'était pas énorme."

"J'étais vraiment juste..."

Étrangement, Fabrice Amedeo n'avait pas forcément anticipé son manque de nourriture. "J'étais un peu dans le déni", répond l'intéressé. En s'inscrivant dans le temps long, le navigateur avait décidé de ne pas compter les jours pour ne pas se projeter sur l'arrivée. En ne comptant pas les jours, il n'a pas plus compté les stocks de nourriture. "Je me rappelle d'un échange avec Manu (Cousin) où je disais : 'ouais 98 jours, ça va le faire'. Puis après 102 jours, 103 jours. Et puis à un moment ça m'a donné le vertige. 110 quoi, ça va être à 110 jours. Bon, ça fait 114 au final et donc c'est vrai que j'étais vraiment juste."

Son régime décalé l'a également aidé à finir. En ayant emporté des produits frais au départ, il a décalé l'entame des stocks à J+3. Un petit rien au début, mais qui a permis de récupérer quelques jours de vivres dans sa remontée de l'Atlantique. "Il y a aussi eu des moments, dans les mers du Sud, où c'était tellement difficile, où j'étais tellement fatigué, que j'ai sauté quelques repas, avoue le 32e de ce Vendée Globe 2024. Donc il restait quelques petits trucs par-ci par-là. J'ai aussi fait quelques soirées de jeûne et donc bon an, mal an, ça m'a amené jusqu'ici."

Si tout a très bien fini, le Segréen a perdu du poids quand d'autres, comme Yoann Richomme (2e du Vendée Globe 2024) en ont pris.